Espagne: le Congrès débat d'une motion de censure contre le gouvernement

Le Congrès des députés espagnol a commencé ce mercredi à débattre d'une motion de censure présentée par l'extrême droite de Vox contre le gouvernement de gauche dirigé par le socialiste Pedro Sánchez.

Pendant près de deux heures de discours de la plate-forme du Congrès, le chef et fondateur de Vox, Santiago Abascal, a critiqué "Au pire gouvernement en 80 ans" histoire de l'Espagne, y compris dans sa comparaison avec le régime dictatorial de Francisco Franco (1939-1975), fait référence à l'AFP.

Cette motion de censure, la cinquième de la démocratie espagnole, n'a aucune chance d'aboutir, puisque les seuls qui la soutiennent sont les députés Vox: 52 des 350 membres du Congrès.

À son tour pour répondre, Sánchez a décrit l'initiative comme "Une démonstration claire de propagande, visant à semer la discorde, la haine parmi les Espagnols".

La question principale de la motion, qui sera votée jeudi, est de savoir si le Parti populaire d'opposition (à droite) s'y opposera, marquera des distances avec l'extrême droite, ou s'il s'abstiendra, pour ne pas contrarier l'électorat Vox.

S'adressant directement au chef du Parti populaire, Pablo Casado, Abascal lui rappela qu'il avait lui-même proposé, en vain, de présenter cette motion.

Fondé en 2014, Vox a gratté les votes du parti conservateur depuis deux ans, le plaçant, à la satisfaction de la gauche au pouvoir, dans un difficile dilemme entre rechercher la centralité ou se tourner vers la droite pour arrêter la fuite des électeurs.

Le chef de l'extrême droite a également attaqué la gestion de la pandémie de Covid-19 par le gouvernement Sánchez.

"Dites-moi un pays qui a mieux géré cette crise", a-t-il demandé au chef du gouvernement, qui l'a à peine regardé pendant son discours.

"Un jour, l'histoire les jugera pour la cruauté particulière dans l'abandon des mourants, sans l'adieu qu'ils méritaient dans leurs derniers instants"il ajouta.

Avec près de 35 000 décès et près d'un million de cas, l'Espagne est l'un des pays les plus durement touchés par la pandémie de covid-19.

Celle initiée ce mercredi est la cinquième motion de censure depuis l'instauration de la démocratie en Espagne après la dictature de Franco.

Le seul qui a réussi s'est produit en juin 2018, lorsque la gauche a évincé le président du gouvernement de l'époque, Mariano Rajoy du PP, après que son parti ait été impliqué dans un scandale de corruption.

La motion a été approuvée grâce aux votes du Parti socialiste, de Podemos (gauche radicale), des nationalistes basques et des partisans de l'indépendance catalane, qui ont permis à Sánchez de devenir président du gouvernement.

Depuis janvier, Sánchez dirige un exécutif de coalition entre les socialistes et Podemos.