Renforcer la police, pas l'affaiblir

20 septembre 2020 – 06h45 m.
Pour:

Rafael Nieto Loaiza

L'excès dans l'usage de la force, le cas d'Ordóñez est hors de question. La justice doit agir rapidement et punir sévèrement les meurtriers.

Aujourd'hui, ce n'est pas la première fois que des policiers ont dépassé le recours à la force ou commis un crime. Il y avait des officiers sur la masse salariale des narcos, impliqués dans des enlèvements, infiltrés par les guérilleros, voire des assassins. Mais ils sont l'exception, pas la norme.

La conduite de quelques-uns ne peut être étendue à tous ni tenir l'institution pour responsable, comme le font les politiciens de gauche radicale avec une intention perverse.

Et que ces crimes se produisent ne signifie pas que la police ne forme pas adéquatement ses membres ou que les procédures policières sont inadéquates. Ils peuvent être révisés car, dans tous les cas, ils peuvent être améliorés. Il faut même intégrer les nouvelles technologies et généraliser leur utilisation. Des caméras individuelles, en patrouille et dans les CAI, qui servent à la fois à surveiller le comportement de la police et à lutter contre les criminels et à les poursuivre. Mais tout doit être fait avec l'esprit constructif de renforcer la police et de ne pas l'affaiblir.

Désarmer la police, comme ils l’ont proposé, est un non-sens souverain. Il n'y a pas de force de police dans le monde aujourd'hui qui n'ait pas d'armes à feu. Dans un pays comme la Colombie, avec un trafic de drogue plus fort que jamais, le conflit armé vivant et avec un taux d'homicides de 25,05 pour 100 000 habitants, ce serait un non-sens qui ne ferait qu'apporter plus de violence et plus de morts.

Il y a ceux qui proposent le transfert de la police au ministère de l'Intérieur. Ils allèguent que la police est militarisée. Ce n'est pas. La police est de nature civile et cette nature ne change pas car elle relève de la structure du ministère de la Défense. Le ministre de la Défense est un civil. La police n'a aucune dépendance ou subordination aux forces militaires. Il est totalement autonome et sa formation et son intégration sont civiles et non militaires. Ici, nous n'avons même pas de policiers à caractère militaire comme la Garde civile espagnole, les carabiniers en Italie, la gendarmerie française ou les carabiniers chiliens.

Et il ne faut pas oublier que si la police est sur l'orbite de la défense, c'est parce que lorsqu'elle était au ministère du gouvernement, elle est devenue politisée et utilisée politiquement. Sa professionnalisation définitive s'est concrétisée lors de son transfert à la Défense. Et il est toujours important qu'il y reste aussi longtemps qu'il est nécessaire de faciliter le travail coordonné entre les forces militaires et la police pour lutter contre le trafic de drogue et les groupes armés illégaux.

Maintenant, ce qu'il faut étudier mais dont on ne parle pas, c'est de redonner à la police son droit de vote. Dans les circonstances actuelles, une telle restriction des droits politiques des policiers n'a aucun sens.

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