Au service de Bolsonaro, Lira a agi pour reporter le manifeste des hommes d’affaires

São Paulo – Les entrepreneurs liés à la Fédération des industries de l’État de São Paulo (Fiesp) devraient publier cette semaine un manifeste en faveur de l’harmonie entre les trois pouvoirs de la République. Le document, qui compterait plus de 200 signatures, serait publié dans les principaux journaux du pays, en guise de message au président Jair Bolsonaro. Mais sa divulgation a été reportée, selon le président de la Chambre des députés, Arthur Lira (PP-AL).

« J’ai parlé avec (Paulo) Skaf – président de la Fiesp – ce dimanche et, comme il n’y a pas de date limite pour la sortie du manifeste, il a été convenu que ce ne sera pas cette semaine. Il attendra les commémorations du 7 septembre », a déclaré Lira au journal. Le globe, ce lundi (30).

L’intention des signataires serait de se distancer des débordements autoritaires de l’occupant du palais du Planalto. Mais, pour éviter de « grincer », il n’est même pas mentionné par son nom. Cependant, le gouvernement a accusé le coup d’État.

Rupture avec Febraban

Selon le journal le État de São Paulo, le manifeste repris par la Fiesp avait en effet pour origine la Fédération brésilienne des banques (Febraban), signalant même une éventuelle rupture entre Bolsonaro et les principaux représentants du système financier. Le gouvernement a réagi, annonçant même que Caixa Econômica Federal et Banco do Brasil quitteraient la fédération, l’accusant de « politisation ». Le retrait aurait l’aval du ministre de l’Économie, Paulo Guedes, et du président de la Banque centrale, Roberto Campos Neto.

Lira a également essayé de mettre des vêtements chauds. « La note n’est pas de Febraban, elle est de Fiesp avec la participation de plus de 200 entités du secteur productif. C’est devenu une note de Febraban avec des réflexes pour Caixa Econômica Federal et pour Banco do Brasil disproportionnés par rapport à ses intérêts », a-t-il réagi.

En plus des industriels et des financiers, le manifeste aurait également le soutien de l’Association brésilienne de l’agrobusiness (Abag). Le secteur tente de se sortir de l’aventure du coup d’État, après que le président de l’Association brésilienne des producteurs de soja (Aprosoja), Antonio Galvan, ait été la cible de mandats de perquisition et de saisie par la police fédérale (PF). Lui, le chanteur country Sergio Reis, et sept autres personnes font l’objet d’enquêtes pour incitation à des actes de violence et menaces contre la démocratie, notamment contre les juges de la Cour suprême (STF).

coup d’air

Bolsonaro appelle ses partisans à manifester le jour de l’indépendance. Sa cible principale est devenue le Suprême. Le mécontentement du président a explosé après que le ministre Alexandre de Moraes a ordonné la détention préventive de l’ancien député fédéral et président du PTB, Roberto Jefferson. Jefferson et d’autres pocketnarists sont soupçonnés de faire partie d’une organisation criminelle numérique présumée, dans le but d’attaquer la démocratie.

Bolsonaro a même présenté une demande de destitution contre Moraes, qui a fini par être déposée par le président du Sénat, Rodrigo Pacheco (DEM-MG). La crainte est que ces enquêtes STF affectent leurs enfants, y compris la possibilité d’emprisonnement. Au cours de la semaine, le président a même diffusé une vidéo dans laquelle il dit savoir « où se trouve le cancer au Brésil ». Samedi, plus explicitement, il a renvoyé l’accusation contre la Cour suprême. « Nous ne sommes pas trois Puissances, nous sommes deux. Travail exécutif et législatif en harmonie ».

Les tensions se sont encore accrues ces derniers jours en raison de la possibilité d’une participation de la police aux actes de coup d’État. À São Paulo, par exemple, une opération des Affaires intérieures de la police militaire de São Paulo (PM-SP) tentera de freiner la présence illégale de policiers militaires armés ou en uniforme lors de la manifestation. D’autre part, en raison de cette escalade, le ministre Ricardo Lewandowski a prévenu, dans un article du journal Folha de São Paulo, que le « prix à payer » pour attaquer d’autres puissances peut être élevé. Il a souligné que la Constitution elle-même érige en crime non susceptible de caution et imprescriptible l’action des groupes armés contre les institutions démocratiques.