Bolsonaro rejoint la liste des « prédateurs de la liberté de la presse »

São Paulo – Tombant dans le classement mondial de la liberté de la presse dans le monde, le Brésil mène avec le président Jair Bolsonaro la liste des 37 chefs d’État ou de gouvernement qui menacent le droit à l’information. Pour la première fois, un directeur général brésilien a rejoint la galerie des « prédateurs de la liberté de la presse », publiée lundi (5) par l’ONG internationale Reporters sans frontières (RSF).

Selon l’organisation, Bolsonaro est du côté de gouvernements autoritaires comme celui du Premier ministre hongrois, Viktor Orbán, dans la liste de ceux « qui imposent une répression massive à la liberté de la presse dans le monde ». Toutes ces autorités, selon l’organisation, utilisent « des appareils de censure, d’arrestation arbitraire de journalistes et d’incitation à la violence à leur encontre – lorsqu’elles n’ont pas le sang de journalistes entre leurs mains pour avoir exercé des pressions directes ou indirectes sur leurs assassinats » , précise-t-il.

La galerie comprend également pour la première fois deux femmes, la directrice générale de Hong Kong Care Lam et le Premier ministre bangladais Sheikh Hasina. Le bilan de Reporters sans frontières est que le président du Brésil, depuis son arrivée au pouvoir en 2019, complique le travail de la presse. Sous son règne, le pays a perdu quatre places dans le classement mondial de la liberté de la presse et est désormais classé 111e.

Le tyrannisme à Bolsonaro

Le Brésil est également entré dans la zone rouge qui désigne l’exercice du journalisme comme « difficile » ou « très sérieux ». Selon l’organisation, Bolsonaro utilise des insultes, des humiliations et des menaces vulgaires comme moyen de prédation pour empêcher les critiques. Et il cible principalement les femmes journalistes. « Pour lui, la presse ‘est inutile’ et n’est rien de plus que ‘des rumeurs et des mensonges constants’. Sa rhétorique belliqueuse et crue est amplifiée par son entourage proche et une base organisée de sympathisants », explique RSF.

Pour éviter les interrogations sur son gouvernement, le président gonfle aussi avec son réseau de parti des « lynchages » virtuels de journalistes, précise l’organisation. « Sur le terrain, les journalistes, notamment ceux chargés de couvrir la présidence devant le Palácio da Alvorada, à Brasilia, sont également fréquemment agressés, humiliés et parfois violemment agressés par des partisans de la famille Bolsonaro. Les attaques sexistes et misogynes contre les femmes journalistes sont également un marqueur fort de l’escroquerie », dit-elle.

L’organisation conclut également que les attaques contre le libre exercice du journalisme se sont considérablement intensifiées au Brésil depuis le début de la pandémie de covid-19. Le bilan est que le président, afin d’éviter les allégations d’omission dans la gestion de la crise sanitaire qui a fait plus de 524 000 morts dans le pays, utilise la presse comme « bouc émissaire » et la tient pour responsable du chaos.

Découvrez la galerie complète ici.

Rédaction : Clara Assunção