Des manifestations xénophobes dans le nord du Chili scandalisent le monde

Ce samedi, le Chili est devenu le protagoniste des gros titres de la planète en raison des événements xénophobes contre un groupe de migrants – la majorité des Vénézuéliens – qui se trouvaient dans la ville d’Iquique, au nord, en attendant de poursuivre leur voyage vers la capitale, Santiago, ou d’autres villes. à la recherche d’un travail et d’un logement.

Des centaines d’habitants de cette ville – la plupart de la classe moyenne supérieure – se sont rassemblés samedi dans les rues, lors d’une manifestation contre « l’immigration irrégulière » dans ce quartier. Les participants ont brûlé les biens des migrants, au lendemain d’une expulsion du gouvernement qui a suscité la polémique dans le pays d’Amérique du Sud.

Au cours de la marche, qui a été diffusée sur les chaînes de télévision locales, des banderoles portant la mention « Fermez les frontières maintenant » ou « Plus d’immigrants indésirables » ont été déployées. On a entendu la chanson « Chileans first » ou des cris de « récupérer la ville », ainsi que des vagues de drapeaux de ce pays. De plus, dans certains cas, les manifestants ont érigé des barricades dans lesquelles les biens de certains migrants qui vivent installés dans des tentes dans les rues ont été incendiés, précise AP.

La manifestation a eu lieu le lendemain de l’expulsion par la police de centaines de migrants de la Plaza Brasil, une place publique centrale de la ville. L’espace avait été occupé pendant des mois par des familles successives, dont beaucoup avec des mineurs et des bébés, attendant de pouvoir déménager dans d’autres régions du Chili.

Dans certains cas, les migrants affirment qu’ils ont des proches dans le pays et qu’ils cherchent à les rencontrer ou à avoir leur soutien pour avancer.

D’autres manifestants se sont rendus dans quelques petits camps de migrants vénézuéliens – qui n’étaient pas là – et ont brûlé leurs quelques biens dans une barricade : peluches, vélos, tentes, matelas, sacs, couvertures, jouets qu’ils reçoivent en dons.

« Je suis né, j’ai grandi et j’ai été gâté à Iquique et j’ai toujours vécu dans cette région du nord et ce que nous vivons est terrible, car le problème est qu’au Venezuela, ils ont ouvert leurs prisons et une partie de ces personnes sont venues au Chili », a-t-il déclaré à l’AFP Veliz Rifo, un agriculteur de 48 ans originaire de La Tirana, une ville située à 72 km à l’est d’Iquique, lorsqu’il s’est fait l’écho de rumeurs ouvertement xénophobes et aporophobes.

Le Chili a expulsé des centaines de migrants irréguliers jusqu’à présent en 2021, une décision qui est parfois remise en cause par les tribunaux chiliens, qui affirment que dans certains cas, les droits fondamentaux des personnes expulsées sont violés. Le gouvernement a indiqué ces dernières heures qu’il reprendrait la politique d’expulsions pour laquelle il a contracté des vols spéciaux avec une compagnie aérienne commerciale.

Campagne de la droite

Ce n’est pas un hasard si ces types de manifestations surviennent à moins de deux mois des élections législatives au Chili, prévues le 21 novembre. Le candidat de droite José Antonio Kast a alimenté les discours de haine envers les migrants à des fins électorales. Le même jour que les attaques contre les migrants, il a publié ce qui suit sur son compte sur le réseau social twitter @joseantoniokast

L’ONU a qualifié les actes xénophobes au Chili d' »humiliation inadmissible »

Le rapporteur spécial de l’ONU sur les droits humains des migrants, Felipe González, a qualifié ce samedi d' »humiliation inadmissible » les incendies criminels contre des migrants. Cela a été indiqué dans son compte sur le réseau social twitter @UNSR_Migration