Egan Bernal, le prodige colombien appelé à briser toutes les barrières du cyclisme

31 mai 2021 – 22h55



Pour:

Agence AFP

Enfant prodige du cyclisme colombien, Egan Bernal est appelé à briser toutes les barrières de ce sport dans son pays après avoir conquis son premier Giro d’Italia ce dimanche à Milan et ajouté à l’âge de 24 ans son deuxième grand tour après le Tour 2019.

N’importe qui penserait que le garçon de Zapaquirá, au nord de Bogotá, est né pour gagner. L’histoire est connue: il a débuté en VTT, avec deux médailles mondiales dans cette discipline en junior, avant de se lancer sur la route, deux premières années dans l’équipe italienne de Gianni Savio, avant de signer en 2018 pour la formation la plus puissante de la peloton, le Sky, converti en Ineos actuel.

«C’est le plus grand talent que j’ai vu depuis quarante ans», estime Savio, découvreur de stars potentielles en Amérique du Sud.

Le test, Bernal lui-même, qui à 22 ans a réalisé ce qu’aucun autre cycliste colombien (Herrera, Quintana, Urán) n’avait réalisé auparavant: remporter le Tour de France.

Malgré sa conquête du sommet du cyclisme mondial, Bernal a réussi à garder la tête froide. Son instinct, son caractère respectueux et son intelligence analytique l’ont aidé à faire en sorte que le succès ne lui soit pas monté à la tête. Il reste très proche de sa famille, de ses parents, à qui il a demandé d’arrêter de travailler: son père, Germán, était agent de sécurité, sa mère, Flor, était domestique.

Mais la vie de cet ancien étudiant en journalisme et communication (il a abandonné pour se concentrer sur le cyclisme) a radicalement changé.

– Un talon d’Achille –
D’abord d’un point de vue économique, puisque son long contrat avec Ineos assure, selon les estimations, un revenu d’environ 2,8 millions d’euros (3,4 millions de dollars). Et bien sûr, le changement est aussi sportif, pour tout ce qui implique son succès sur le Tour de France et les difficultés de l’année suivante.

« Je n’allais pas au Tour pour le gagner, j’étais deuxième de l’équipe derrière (Geraint) Thomas, qui était le dernier vainqueur », se souvient-il même sur ce Giro, à propos de son succès inattendu en manche française.

Bien au contraire d’un an plus tard, quand il est allé à la Grande Boucle en tant que leader aux pleins pouvoirs des Ineos … et il n’a même pas pu rejoindre Paris, puisque ses maux de dos récurrents l’ont contraint à se retirer lors des étapes alpines.

Les mêmes douleurs qui ont nécessité les soins quotidiens de son «physio» tout au long du Giro, comme il l’a révélé.

Le dos pourrait être la «kryptonite» du cycliste andin, techniquement très complet, avec pratiquement pas de points faibles, contrairement à la plupart de ses rivaux. Et comme qualité supplémentaire, sa capacité à se régénérer à haute altitude, au-dessus de 2000 mètres, une limite que les organisateurs du Giro d’Italia aiment surmonter pour rendre la course plus épique.

Sa victoire au Giro, le pays qui l’a accueilli à son arrivée en Europe, le place à nouveau dans une position privilégiée au sein d’une équipe avec plusieurs leaders potentiels et qui maintient sa mentalité britannique malgré le fait que l’empreinte latine est de plus en plus augmentée par le présence de plusieurs futures stars colombiennes (Daniel Martínez, Brandon Rivera, Iván Sosa) et celle du pilote équatorien déjà confirmé Richard Carapaz (vainqueur de la course rose en 2019).

Chez les vainqueurs du Giro, Bernal succède à son coéquipier Tao Geoghegan Hart, qui dans moins d’un mois devra démontrer les attentes qu’il suscite sur le Tour. Le Colombien, pour sa part, a déjà réussi cet examen, le plus difficile en cyclisme.