En reconduisant Aras, le Sénat consent aux agressions de Bolsonaro, selon l’avocat

São Paulo – Face au scénario de « chaos institutionnel » dans le pays, avec le président Jair Bolsonaro commettant des attaques répétées contre les institutions, le Sénat envoie un message contradictoire pour faciliter la reconduction d’Augusto Aras à la tête du bureau du procureur général ( PGR). Ce mardi (24), avec 55 voix pour, 10 contre et une abstention, les sénateurs ont garanti à Aras un nouveau mandat de deux ans.

L’évaluation est réalisée par l’avocat Jorge Rubem Folena de Oliveira, docteur en sciences politiques et membre de l’Instituto dos Advogados Brasileiros (IAB). Ainsi, le rôle du procureur général a été marqué par le « manque d’indépendance » par rapport au gouvernement actuel. Par conséquent, les sénateurs auraient dû refuser sa reconduction.

Ce serait une manière de démontrer que le principe de la tripartition des pouvoirs et le système des freins et contrepoids sont toujours en vigueur. Sinon, en endossant ce que Bolsonaro a indiqué, le Sénat lui-même s’affaiblit. En outre, cela fragilise également la Cour suprême fédérale (STF), cible privilégiée des attaques de Bolsonaro et de ses partisans.

« Ce qui m’inquiète le plus, c’est justement le fait que les sénateurs acceptent facilement cette reconduction. C’est un mépris total pour la réalité que nous vivons dans le pays. Cela signifie que le Sénat est d’accord avec ce que Bolsonaro a fait », a déclaré Folena dans une interview à Glauco Faria, pour le Journal actuel du Brésil, ce mercredi (25).

L’inaction d’Augusto Aras

Une enquête réalisée par le professeur de droit de la Fondation Getúlio Vargas (FGV-SP) Eloísa Machado et par la chercheuse Luiza Pavan Ferraro souligne que le PGR n’était responsable que de 1,74% des actions de contrôle de constitutionnalité qui ont été prises au STF, en janvier 2019 à juin 2021. Ce sont les partis qui représentent 64,5% du total des 287 poursuites contre le gouvernement actuel.

Pour Folena, ces chiffres démontrent qu’Aras a agi comme une sorte d’« avocat privé » pour le président. « Ce n’est pas la mission d’un procureur général. » L’avocat affirme que les institutions démocratiques ont préféré maintenir un « comportement d’autruche », prétendant ne pas voir les intentions de coup d’État de Bolsonaro.

Il y a plusieurs attaques du président contre les institutions mentionnées par l’avocat. Ils vont du défilé militaire, à Brasilia, sur la Praça dos Três Poderes, pour obliger le Congrès national à approuver le vote imprimé, à la dernière demande de destitution signée par Bolsonaro contre le ministre Alexandre de Moraes. En plus de toutes sortes de crimes et d’irrégularités qui auraient été commis pendant la pandémie, comme le révèle le CPI de Covid.

regarder l’interview

Ecriture : Tiago Pereira