Facebook bloque la vidéo du Français en état terminal qui a décidé de diffuser sa mort

05 septembre 2020-12: 53 p. m.
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Agence AFP

Un Français de 57 ans, atteint d'une maladie incurable et qui s'est vu refuser l'aide au suicide, a décidé de se laisser mourir en direct sur Facebook mais le réseau social a bloqué la diffusion de la vidéo de son agonie samedi.

Alain Cocq, atteint d'une maladie sans nom très douloureuse, avait annoncé vendredi peu après minuit qu'il cesserait de soigner, de se nourrir et de s'hydrater.

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"Le chemin du soulagement commence et, croyez-moi, je suis heureux", a déclaré ce Dijon (est) sur son compte Facebook. "Je sais que les jours qui m'attendent seront difficiles mais j'ai pris ma décision et je suis serein", a ajouté ce militant pour une "mort digne", qui avec ce geste entendait dénoncer les carences de la loi sur la fin de vie en France.

Mais le réseau social a bloqué la diffusion de la vidéo samedi à midi. "Bien que nous respections votre décision de vouloir attirer l'attention sur cette question complexe, sur la base d'avis d'experts, nous avons pris des mesures pour empêcher la diffusion en direct sur le compte d'Alain, car nos règles ne permettent pas la représentation de tentatives de suicide", a-t-il déclaré. a déclaré samedi un porte-parole de Facebook à l'AFP.

"Facebook bloque ma diffusion vidéo jusqu'au 8 septembre", a déclaré Cocq dans son compte. «Jugez par vous-même», écrit cet homme, s'adressant à ses partisans avant de donner l'adresse de Facebook France à Paris pour «faire connaître ce que vous pensez de ses méthodes pour entraver la liberté d'expression».

"Un système alternatif sera activé dans 24 heures" pour diffuser la vidéo, a-t-il précisé.

Sa présidente, Sophie Medjeberg, vice-présidente d'une association de soutien aux personnes handicapées, a déclaré à l'AFP avoir déjà trouvé ce système alternatif, mais qu '"il ne sera pas divulgué" pour "sélectionner des images qui respecteront la dignité d'Alain".

Suicide?

Facebook a des règles très détaillées: bien qu'ils n'aient pas de dispositions spécifiques sur la fin de vie, ils sont plutôt très stricts en termes de contenu qui peut ressembler à une promotion du suicide ou de l'automutilation. Cas d'euthanasie ou de suicide assisté.

«Ce n'est pas du suicide», avait insisté le patient, se rappelant qu'il est catholique.

Cloué au lit, martyrisé à cause de la maladie qui le ronge depuis des années, l'homme avait fait appel au président Emmanuel Macron, lui demandant de l'aider à mourir et d'autoriser un suicide assisté d'un médecin.

"Son souhait est de demander une aide active pour mourir qui aujourd'hui n'est pas autorisée dans notre pays", a écrit Macron dans une lettre, dans laquelle il a exprimé son soutien et son respect.

Sédation profonde

Alain Cocq souffre d'une maladie extrêmement rare et sans nom qui fait adhérer les parois de ses artères, provoquant une "ischémie": un arrêt ou une insuffisance de la circulation sanguine dans un tissu ou un organe.

Paralysée par une douleur qui ne s'est pas arrêtée depuis 34 ans, Cocq aurait aimé recevoir une sédation profonde.

De nombreux internautes ont apporté leur soutien au patient. «La loi Cocq viendra, j'en suis sûr», écrit une femme, convaincue que son action permettra une évolution de la loi française Claeys-Leónetti de 2016, qui n'autorise une sédation profonde que pour les personnes qui sont à quelques heures d'une mort certaine. .

Bien que Cocq lui-même soit considéré "dans la phase finale depuis 34 ans", il ne peut pas prouver que sa mort est imminente.

Le militant de la mort "digne", qui a fait plusieurs tournées en Europe en fauteuil roulant pour défendre sa cause, a décidé de dire "assez", comme il l'a récemment expliqué à l'AFP.

"Alain a déjà été ressuscité neuf fois", expliquait vendredi Sophie Medjeberg.

"Et à chaque fois avec une nouvelle dégénérescence. Il n'y a pas d'espoir. Il est enfermé dans son corps", a ajouté Medjeberg, qui espère que son cas provoquera un "électrochoc" qui permettra "d'autoriser le suicide assisté comme en Belgique ou en Suisse".

Le cas d'Alain Cocq a ravivé la polémique sur la mort digne en France, comme cela s'est produit avec Vincent Lambert, un infirmier en état végétatif décédé en juillet 2019 après avoir reçu une sédation profonde, souhaitée par sa femme et un neveu, et qui était leurs parents s'y sont opposés.