Gabriel Boric, la lumière au bout du tunnel – Jornal da USP

UUn ami m’a raconté une anecdote très évocatrice pour ceux qui craignent l’excès de jeunesse de Gabriel Boric.

Face à un problème difficile à résoudre, il propose une approche « à la jésuite » pour sortir de l’impasse.

D’abord, écoutez les plus jeunes, avec une sensibilité sociale. Évaluez en profondeur vos propositions, comment elles résoudraient le problème. Ils ont la vie devant eux, la force de changer de lieu et des rêves (projets) pour construire un monde meilleur.

Alors écoutez les très vieux, les sages, ceux qui ont une longue expérience de la vie, habitués à regarder la mort là, au premier plan. Les braves ont probablement commis des erreurs, ont bien compris, ont assumé les responsabilités et les conséquences de leurs actes. Ils ont certainement vécu des expériences épineuses, difficiles à oublier et évocatrices d’apprentissage. Les personnes âgées connaissent le chemin, combien le changement est douloureux et difficile, combien les victoires sont modestes et éphémères. En marchant sur le chemin de la vie, ils ont découvert la mesure, la saveur et la dimension de l’écoulement du temps. Parmi les nombreux anciens, les conseillers les plus talentueux sont les plus indépendants, protagonistes de leur propre histoire, certains ont payé leurs billets à ordre, d’autres non. Tous deux, à travers les erreurs et les réussites, savent évaluer les circonstances et proposer de bonnes solutions aux impasses.

Les jeunes comme les moins jeunes méritent d’être écoutés attentivement lorsqu’ils tentent de trouver la solution à un défi, qu’il soit personnel, national ou international. Regardez attentivement les suggestions de ces humains. Faites attention à ce que seraient les propositions pointées par les deux, jeunes et moins jeunes, pour résoudre le problème.

Pour finaliser la suggestion, concernant les interlocuteurs, il convient de mettre en garde contre les dangers des humains d’âge moyen, ni trop jeunes ni trop vieux : – Écoutez les considérations de ces êtres d’âge moyen et réfléchissez bien. En général, ils ont tendance à défendre avant tout la stabilité et leurs intérêts personnels, familiaux, commerciaux et politiques. Faites attention, même avec des amis proches, dans la vie quotidienne ou dans la vie politique.

Construire un monde meilleur, c’est le projet, le désir et l’ambition de Gabriel Boric, 35 ans, élu président du Chili. Il a participé aux mouvements étudiants, connaît la question de l’immigration à partir d’expériences familiales et a un bon équilibre entre raison et émotion, grâce à des expériences en législature (deux législatures).

Gabriel Boric fait partie des groupes de jeunes avec un projet et une envie de construire un nouveau monde, une nouvelle esthétique, attentif aux changements de rôles masculins et féminins, sans contretemps. Il représente une génération très éloignée des marques comportementales des années 60 et 70, époque où virilité, force et révolution se conjuguent. A cette époque, il était impossible d’aimer un « lâche », une recette aux résultats tragiques. Beaucoup de jeunes hommes bons et courageux sont partis, assassinés de manière barbare et injuste.

Les mots et les métaphores du discours de Gabriel Boric indiquent un temps nouveau.

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Publié: 21/12/21

Il parle de « mains ouvertes » (générosité), de « famille nombreuse et inclusive » (très différente d’une famille nucléaire, respectant divers types de famille), propose « marcher pas à pas » (prudence), accepter les différences. Il valorise une croissance économique sans inégalités, et sans pieds d’argile, défend la science, l’éducation et la culture, et nomme les peuples d’origine, rappelant qu’ils sont les « habitants d’origine d’un endroit appelé Chili ». Son récit suggère l’équilibre, une vertu aristotélicienne.

Comparez votre discours inaugural avec celui d’autres présidents nationalistes, autoritaires et déshumanisés. Des présidents incapables de voir et de respecter les différences d’usages et de coutumes des habitants d’un même territoire. Dans son discours inaugural, Boric voit les hommes, l’environnement, un « Chili vert », mettant en relation le pays et l’environnement. C’est aussi un thème pour valoriser un nouveau contrat social, à discuter à l’Assemblée constituante, en mettant l’accent sur la participation des peuples autochtones et des Chiliens dissidents, démontrant la volonté de construire des ponts, avec responsabilité et justice sociale. La prudence est une vertu aristotélicienne.

Boric manifeste une conscience du silence, du genre et de la culture (entre autres), se déclare contre la société patriarcale, l’éthique darwiniste et déshumanisante et la destruction de l’environnement. Concernant la planète, il cite la jeune Greta Thunberg et la jeune militante chilienne Julieta Martinez, liées au groupe Tremendas, (un groupe d’adolescents regroupés autour d’une plateforme collaborative axée sur des actions d’impact social, d’environnement, de durabilité des villes et des écosystèmes, d’inclusion et genre).

Gabriel Boric n’est pas en phase avec les vieux modèles politiques. C’est vrai que c’est jeune. Son discours, ses mots et ses métaphores choisies expriment l’air d’un homme nouveau, typique du 21e siècle. Les mots apparemment anciens tels que justice, humilité et responsabilité sociale interagissent avec la situation actuelle, servent comme une sorte d’antidote puissant à cette époque de crise et risque des démocraties.

Peut-être le remède pour les démocraties passe-t-il par une nouvelle manière de s’approprier l’aristotélisme à travers les vertus, l’éthique, qui mobilisent des mots comme justice, dignité et humilité, qu’il évoque. Des vertus qui sont le résultat de la raison, de la capacité humaine à reconnaître, analyser et affronter l’erreur, l’échec, l’imperfection pratiquée. Des vertus oubliées, pâlies par la rhétorique publicitaire, narcissique et l’estime de soi, typiques des nouveaux médias sociaux. La justice exige la réflexion et l’utilisation de la raison, implique la connaissance du bien, des buts et du bonheur. Des mots suggestifs propices à la réflexion dans les moments de crise.

Pourquoi?

La justice, thème central tout au long du discours, est une vertu capable de vaincre la colère et la haine, un produit qui a le vent en poupe sur le marché. J’explique mieux. La vertu dans l’exercice de la justice n’élimine pas les fautes, les erreurs, elle ne permet pas de couvrir, au nom d’intérêts personnels, commerciaux ou politiques, les divers ordres de crimes et d’inégalités qui engendrent la haine. Si nous parlons de justice, nous supposons qu’elle est nécessaire parce que le crime, l’erreur et la violence existent parmi les humains. La justice exige une autopsie approfondie des motifs germinatifs de l’irrationalité et du déni. Faire justice demande l’usage de la raison pour déterrer les vérités de la bonne manière, réparer les erreurs, voir les violences, qui sont énoncées et réduites au silence, combattre les inégalités, procédures nécessaires à la vie en société. La justice est à la fois correctrice, rectificatrice et exigeante envers ceux qui la pratiquent. Il suggère une autocritique constante, une procédure largement utilisée dans le passé et oubliée dans le présent.

Quand on voit et nomme les populations du continent américain comme des peuples d’origine, quand on parle de travail décent, de dignité, de droit au logement, à l’éducation, les propos suggèrent le mot Justice. Lorsqu’il est proposé de marcher « pas à pas », « respecter les organisations sociales », concilier et « gouverner pour tous », l’intention est de construire un tissu politique où un fil est la force des jeunes et l’autre fil est la prudence des personnes âgées.

Résumé de l’opéra : Les Jésuites présentent une proposition suggestive.

Félicitations, Chiliens, pour avoir choisi un jeune homme comme président, Gabriel Boric.

Je parie sur les jeunes.

Il y a de la lumière au bout du tunnel.