Giselle Beiguelman questionne les tensions des systèmes de communication – Jornal da USP

Professeur à l’USP Giselle Beiguelman : le livre est le résultat de deux décennies de recherche – Photo : Jorge Lepesteur

Réfléchir au statut de l’image dans la contemporanéité est la proposition de Giselle Beiguelman dans son nouveau livre, Politiques d’image : surveillance et résistance dans la sphère de données, lancement d’Ubu Editora. L’artiste, professeure à la Faculté d’Architecture et d’Urbanisme (FAU) de l’USP et chroniqueuse pour Rádio USP (93,7 MHz), rassemble en six essais la recherche qui, selon sa définition, « est en gestation » depuis plus de deux décennies.

« Plusieurs problématiques ont été abordées dans les commissariats et les travaux artistiques que j’ai réalisés. Mais le livre est né d’un besoin de systématiser les particularités de notre temps », dit Beiguelman. « Je souhaite partager une réflexion sur l’augmentation exponentielle de la présence d’images invisibles dans notre quotidien, des images qui nous regardent et nous traquent, comme la reconnaissance faciale, et qui ne sont lisibles que par des machines. Ou comme les systèmes de balayage corporel, le déclenchement de la sociabilité par l’image et sa conversion en lieu d’exercice politique.

Toujours en pré-sortie, le livre Politiques relatives aux images il suscite déjà l’intérêt d’étudiants, de professeurs, de chercheurs en cinéma, photographie, audiovisuel, arts mais aussi d’universitaires d’autres domaines. Il se classe premier sur Amazon dans trois catégories : Télécommunications, Réseaux sociaux et Cryptage. L’édition Kindle est déjà sortie et la version imprimée arrive en librairie le lundi 2 août.

« Les images sont devenues les principales interfaces de médiation dans la vie quotidienne. Ils occupent la communication, les relations affectives, les infrastructures et les corps via des systèmes de numérisation et diverses applications.

Couverture du nouveau livre de Giselle Beiguelman – Photo : Reproduction

Le livre rassemble six essais inédits qui débattent de différents aspects de la politique de l’image aujourd’hui, soulignant les liens avec les nouvelles technologies, telles que l’intelligence artificielle et les pratiques artistiques et militantes. « De manière synthétique, chacun des essais aborde un thème précis, analysant les transformations du regard, l’esthétique de la surveillance, la vie urbaine médiatisée par les images, les nouvelles formes d’exclusion – comme le racisme algorithmique –, la culture de la mémoire de la temps du numérique et de la pandémie de l’imagerie du coronavirus au Brésil et dans le monde », explique Giselle Beiguelman. « Cependant, ils partagent une hypothèse commune. Les images sont devenues les principales interfaces de médiation dans la vie quotidienne. Ils occupent la communication, les relations affectives, les infrastructures et les corps via des systèmes de numérisation et diverses applications.

L’auteur souligne qu’en parlant de politique de l’image, elle ne mentionne pas seulement les associations entre politique et image. « J’observe aussi sa conversion en l’un des principaux champs de tensions et de conflits actuels, où se croisent pouvoirs, devenirs, récits et résistances de la datasphère. » Beiguelman observe que les réflexions du livre dialoguent avec « des œuvres d’artistes et de penseurs, d’Eisenstein à Antonioni, de Rejane Cantoni et Lucas Bambozzi à Harum Farocki, en passant par Adam Harvey et Trevor Paglen, entre autres ».

« Sur YouTube, Instagram, TikTok ou autre, d’autres régimes esthétiques circulent. Ce ne sont pas les régimes consolidés dans les écoles de cinéma et d’art et brisent les canons du style et du marché. »

regarder au-delà des yeux c’est l’essai qui ouvre le livre. Beiguelman fait une analyse détaillée de l’histoire du cinéma, signalant des scènes, des personnages et des penseurs. « Depuis la Renaissance, les images sont directement liées à des instances de classe, de genre et de pouvoir politique, d’abord réservées aux figures sacrées, aux rois, aux aristocrates et aux papes, puis aux politiciens et à la bourgeoisie aisée », explique-t-il. « Tout au long du 20e siècle, les communications de masse ont élargi le champ de ceux qui pourraient devenir une image publiée qui pourrait même être archivée. Mais ce n’est qu’au XXIe siècle, avec l’appareil photo numérique et Internet, qu’il est possible de parler d’une multiplication et d’une diversification à grande échelle du spectre social et culturel des enregistrements d’images. Et il note : « Sur YouTube, Instagram, TikTok ou autre, d’autres régimes esthétiques circulent. Ce ne sont pas les régimes consolidés dans les écoles de cinéma et d’art et brisent les canons du style et du marché. Le protagoniste de cette histoire est le téléphone portable équipé d’un appareil photo et d’un accès Internet.