Il est temps de s’unir pour Cali

C’était assez bon pour répandre la haine et nourrir le ressentiment. Croire que notre vérité est unique. Coincer au point de préjugé. Que la « peur ambiante » gagne la partie. A croire que tout est perdu. Cette prière est la seule option.

Il suffisait de mesurer l’ampleur des dégâts et de s’armer d’arguments pour déchirer le contraire. De nous diviser en camps. Pour nous taguer. Des inquiétudes et des vanités. De tout ce qui nous a mis sur des rivages irréconciliables.

Ce furent des journées dures, longues et des nuits blanches qui nous ont laissé de profondes blessures, aussi évidentes dans le discours que dans l’épiderme d’une ville qui semble étrange, comme les cartes postales de films de guerre ou de destinations lointaines. Maintenant, ces endroits qui étaient si quotidiens sont des décombres.

Il n’y aura aucun moyen de réconforter ceux qui ont perdu leurs proches, dans un élan qui nous a coupé le souffle. Nos morts nous ont tous blessés, plus que tout. Mais ceux qui ont vu ce qui a été construit brûler dans les flammes nous ont aussi blessés. Ceux qui ont perdu leur emploi et n’ont plus aucun moyen de gagner leur vie chez eux. Ceux qui ne se sont pas rendus à l’hôpital parce qu’il y avait un obstacle sur le chemin. Ceux qui ont toujours eu la vie dure, à ceux qui ont été fermés mille portes. Ceux qui ont réussi, à la pointe de l’effort, et ont vu comme tout, soudain, a disparu.

Comment avons-nous laissé passer autant de choses ? Pourquoi ne tenons-nous pas compte des drapeaux rouges ? Qu’y avait-il dans tout cet esprit civique qui nous distinguait jadis ? Y a-t-il quelque chose que nous puissions faire, malgré tout ? Est-il possible d’élever notre ville et de reconstruire la route ?

Maintenant, tout semble si difficile qu’il est beaucoup plus confortable de mettre le doigt dans la plaie jusqu’à ce qu’elle brûle et vous fasse crier, plutôt que de penser à la façon de recommencer, alors que c’est exactement ce que nous devrions faire.

Il est temps de s’unir pour Cali. C’est maintenant que nous avons le plus besoin de leaders qui nous animent, nous inspirent ; des dirigeants civils qui invitent au dialogue, à l’accord. Et du leadership de certains gouvernants et politiciens capables de se départir de leurs intérêts et de trouver dans la somme de leurs efforts cette popularité tant attendue.

Ceux d’entre nous qui croient qu’il est possible de leur parler, afin qu’ils renoncent à la rhétorique du désaccord et s’entendent bien avec certains, alors qu’ils sont dus à une ville entière. Il est déjà clair que ce n’est pas en divisant que nous sortirons de cette crise. Et si vous voulez entrer dans l’histoire, il n’y a pas de meilleur moment que celui-ci. Que la main droite et la main gauche se soutiennent et travaillent à bâtir sur ce qui nous unit et à s’entendre sur ce qui nous sépare. Puissent-ils démontrer la grandeur humaine.

Qu’ils invitent la Nation à travailler pour la ville, qu’il y ait une commission permanente, qu’ils ne viennent pas seulement quand il y a urgence, lancer des promesses. Qu’il y ait des processus, de l’éducation, des opportunités, un soutien pour l’entrepreneur, l’entreprise qui veut se relever, la justice pour ceux qui le réclament.

Tout aussi important sera le défi de ceux d’entre nous qui vivent ici ; nous n’allons pas prétendre qu’ils nous font tout. Nous devons pousser du même côté si nous voulons que Cali fonctionne. Fini les ghettos, les sites infranchissables, les blocus, les combats de mots et de force.

Il n’y a pas de société viable sans consensus et ici nous devons tous les adapter, tous. Pouvoir sortir dans la rue sans crainte, dire ce que vous pensez sans vous blesser. Ouvrez une entreprise sans craindre d’être détruit. Obtenez un moyen de transport pour vous rendre au travail. Que les feux fonctionnent, que les routes coulent, que la vie soit respectée. Que l’on récupère la chaleur perdue. La joie qui nous distingue. La solidarité nécessaire. La force d’entreprendre. La paix à négocier et l’illusion d’élever ce Cali qui est aussi le mien que le vôtre et, surtout, le nôtre.

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