« Je ne laisserai pas agir la Force nationale », a déclaré le responsable des troupes du Premier ministre le 8 janvier

São Paulo – Le texte intégral de la plainte du bureau du procureur général qui a soutenu la Opération Incurria dans la matinée de ce vendredi (18) montre clairement – ​​plus qu’une omission – la connivence et même la participation planifiée du haut commandement de la Police militaire du District fédéral (DF) aux actes putschistes du 8 janvier. Sur la base de la plainte du MPF, le ministre Alexandre de Moraes, du Tribunal fédéral (STF), a autorisé la Police fédérale à exécuter sept mandats d’arrêt préventifs à l’encontre d’agents du PM (lire ici le texte intégral de la plainte PGR/MPF).

Les allégations faites par le secrétaire à la sécurité publique du DF à l’époque, Anderson Torres, selon lesquelles il ne savait rien, sont largement contredites par les faits. Le 6 janvier, alors qu’il se rendait aux États-Unis « en vacances », lors d’une réunion des plus hautes forces de sécurité et d’organismes publics, il avait déjà été évoqué que la décision annoncée « impliquerait un risque imminent d’invasion et de déprédation des bâtiments de l’Union » .

L’Agence brésilienne de renseignement (ABIN) a émis les premiers avertissements sur l’organisation du mouvement putschiste le 2 janvier, au lendemain de l’entrée en fonction du président Luiz Inácio Lula da Silva. « Dans le cadre du PMDF, il y avait des courants complotistes et putschistes dans les rangs des officiers auxquels les dénoncés adhéraient et qui encourageaient l’omission de membres de la corporation en cas de soulèvement populaire anti-démocratique », dit le Plainte de PGR.

Commandant : « Je ne laisserai pas agir la Force nationale »

Abondamment documenté, le document démontre qu’à la veille des attentats du 8 janvier 2023, à 21h38, le major Flávio Silvestre de Alencar, désigné par le colonel Marcelo Casimiro Vasconcelos pour commander les troupes « sur le terrain », partageait avec son supérieur une publication de journal Le globeselon laquelle le ministre de la Justice, Flávio Dino, avait autorisé le recours à la Force nationale compte tenu du « haut risque » des actes annoncés.

Dans un message audio capté dans les enquêtes et cité par le PGR dans la Plainte, Silvestre a déclaré à son supérieur que ne permettrait pas les performances de la Force nationale (FN). « Commandement, je vais vous parler tout de suite, vous voyez ? Si je suis commandant de… De, de la manifestation, comment vais-je être, je ne vais pas permettre à la Force Nationale d’agir sur notre Esplanade, tu vois ? Je ne le permettrai pas ».

En réponse, le colonel Casimiro a « considéré » que, si le gouverneur du DF (Ibaneis Rocha) l’autorisait, le FN n’agirait « qu’en des points éloignés de l’Esplanada dos Ministérios et de la Praça dos Três Poderes ou spécifiquement pour la protection du ministère de la justice ».

« En attendant l’adhésion des forces armées« 

Lors des dialogues d’investiture avec les enquêteurs, les officiers ont critiqué les forces armées en disant qu’elles ne se sont pas jointes à un coup d’État, « à l’exception du commandement de la marine », indique le document PGR.

« Flávio (Silvestre) a incité les autres policiers à des actions subversives, encourageant le Premier ministre à laisser le peuple envahir le Congrès national », dit la Plainte. « Le 8 janvier 2023, à la tête d’une troupe au sein du Congrès national, Flávio tenta de mettre son plan à exécution : il ne fit rien, espérant voir se concrétiser le coup d’État que les insurgés réclamaient, espérant l’adhésion du des forces armées ou des forces de sécurité au soulèvement, désirs qu’il a explicités dans plusieurs de ses dialogues ».

« Bien que la situation à l’étage supérieur (de la Chambre des députés) était déjà incontrôlable, le PMDF a continué à permettre aux manifestants d’accéder au Salão Verde, qui a duré jusqu’à 15h53, lorsque le major Flávio Silvestre de Alencar a simplement ordonné à ses hommes de
quitter le bâtiment sans affronter les insurgés », note la Plainte. Photo jointe à la plainte PGR montre des flics se mêlant amicalement à des criminels :

Les bus qui arrivaient étaient surveillés

La situation a été surveillée tout au long de la semaine par les services de renseignement du PMDF et « un suivi constant des mises à jour des informations ». « Casimiro a également rappelé que ‘des audios circulaient sur les réseaux sociaux de possibilités d’envahir des bâtiments publics' », précise le PGR.

Vers 11 heures le 7 janvier, les services de renseignement avaient déjà recensé l’arrivée de 37 bus dans la capitale. Les plaques d’immatriculation de tous étaient dûment enregistrées.

Face à l’information selon laquelle il y aurait concrètement « instigation d’un soulèvement populaire » et « enrégimentement de personnes désireuses de prendre violemment le pouvoir, par la diffusion de tracts et de convocations », avec « des hommes prêts à affronter », les officiers du PMDF, « auparavant conscients de ces mouvements (…) ont commencé à suivre pari passu (…) les mouvements d’occupation du Plateau central, dus à l’arrivée massive de plus d’une centaine de bus remplis d’insurgés », enregistre le PGR.