La justice équatorienne ordonne la capture de l'ancien président

24 septembre 2020-09: 28 m.
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AFP

La justice équatorienne a ordonné mercredi la capture de l'ancien président Rafael Correa, qui vit en Belgique, après avoir confirmé sa condamnation à huit ans de prison pour corruption, a rapporté le tribunal qui a prononcé la sentence.

La décision judiciaire implique également l'interdiction à vie de Correa d'occuper des postes d'élection populaire, alors que l'ancien président aspire à participer aux élections prévues en février.

Correa, qui a dirigé entre 2007 et 2017, a postulé en ligne au Conseil national électoral (CNE) pour enregistrer sa candidature à la vice-présidence, qui est menée au nom d'un front de gauche et en collaboration avec le jeune économiste Andrés Arauz, ancien ministre de Ceinture. Le corps électoral doit ensuite qualifier cette demande.

L'exécution de la peine met pratiquement fin à l'immunité que Correa aurait obtenue lorsque sa candidature a été acceptée et qui lui permettrait de retourner en Equateur pour les élections.

Jugé par contumace, le tribunal a établi que Correa, 57 ans, et plusieurs de ses anciens collaborateurs, également condamnés, avaient reçu des pots-de-vin en échange de contrats avec diverses sociétés.

L'ancien président soutient qu'il est innocent, arguant qu'il était lié à l'affaire pour 6 000 dollars qui sont entrés dans son compte bancaire et qu'il prétend qu'ils provenaient d'un prêt d'un fonds de son parti.

Les sanctions pour détournement de fonds, corruption, commotion cérébrale et enrichissement illicite sont imprescriptibles en Équateur.

"Processus de vengeance"

La justice a ordonné à la police de "localiser et capturer immédiatement" l'ancien dirigeant socialiste, qui vit en Belgique – d'où vient sa femme – depuis qu'il a quitté le pouvoir en mai 2017 après la victoire électorale de Lenín Moreno, son ancien allié.

Il a également ordonné au ministère des Finances de suspendre le salaire à vie d'environ 4 200 dollars par mois que Correa a reçu en tant qu'ancien président, qu'il perd lorsqu'il est reconnu coupable de corruption.

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La résolution judiciaire informe également la CNE de la perte des droits politiques de l'ancien dirigeant qui, selon la Constitution, serait disqualifié des élections parce qu'il a été condamné pour corruption.

"Oui, nous avons été informés" de la décision judiciaire, a déclaré à l'AFP l'avocat de Correa, Fausto Jarrín.

«Nous sommes confrontés à un processus de vengeance à travers la fonction judiciaire», a-t-il ajouté, à un moment où l'ex-président se prétend une victime politique de Moreno, avec qui il entretient un combat qui a affaibli le parti au pouvoir, au gouvernement depuis 2017.

Moreno, ancien vice-président de Correa entre 2007 et 2013, a promu des réformes dans son administration pour interdire la réélection plus d'une fois, fermant ainsi le chemin du retour au pouvoir pour son prédécesseur.

"La simple mention de la possibilité qu'il (Correa) soit un candidat génère ce type de réaction dans toutes les institutions de l'Etat", a déclaré Jarrín.

Concernant Correa, qui dit faire face à trente procès en Équateur, une autre ordonnance de prison pèse pour être traitée pour l'enlèvement en Colombie d'un opposant équatorien en 2012, crime pour lequel il ne peut être jugé par contumace.