L’Argentine assiste à des élections cruciales ce dimanche

Demain se tiendront les élections législatives en Argentine, au cours desquelles environ la moitié de la Chambre des députés et un tiers de celle des sénateurs seront renouvelés.

À la clôture de la campagne, le président Alberto Fernández a été le principal orateur du Frente de Todos, dans la province de Buenos Aires, un acte auquel a assisté l’ancienne présidente Cristina Fernández, et dans lequel il a passé en revue les promesses faites et a souligné dans le héritage macrista qu’il a reçu avec une dette étrangère impayable. Il a souligné l’importance de « l’unité au sein de notre espace » quel que soit le résultat électoral.

De son côté, Juntos por el Cambio a également clôturé la campagne avec la tête de liste de ses candidats aux députés de la province de Buenos Aires, Diego Santilli, qui a assuré « on y retourne ! »

Fantôme de Paso

Plus de 34 millions d’Argentins sont convoqués aux urnes pour renouveler le Congrès, lors d’élections qui représentent un grand défi pour le président Fernández, qui devra inverser la défaite subie par ses candidats lors des primaires tenues le 12 septembre.

Le fantôme des primaires ouvertes, simultanées et obligatoires (Paso) hante encore lorsque le Frente de Todos (FDT) officiel a obtenu, à l’échelle nationale, 31 % des voix, tandis que l’opposition de Juntos por el Cambio (JxC), parti de l’ancien président Mauricio Macri, l’a emporté avec 40%, additionnant les voix de tout le pays, ce qui a constitué une forte défaite pour le FDT.

Des élections en crise. L’Argentine traverse une crise économique profonde, amorcée en 2018 sous le gouvernement Macri et aggravée par la pandémie. Avec une inflation annuelle de 50 % et 40 % de pauvres, le gouvernement hâte un accord avec le Fonds monétaire international (FMI) qui lui permet de reporter le paiement de 19 000 millions de dollars qui sont dus l’année prochaine, un lourd héritage de Macri.

Après les résultats électoraux de septembre, le gouvernement Fernández a annoncé une série de mesures particulièrement liées à la sphère économique, telles qu’une augmentation du salaire minimum, des montants plus élevés d’aide sociale et de crédits, et une modification fiscale qui profite aux personnes de moyenne et moyenne revenu. De plus, pour tenter de contenir l’inflation, il a imposé un gel des prix sur les produits de base et négocié avec les laboratoires du médicament pour ne pas procéder à des augmentations avant le 7 janvier 2022.

Plus de 300 postes au choix

Les Argentins renouvelleront 127 députés (sur un total de 257) et 24 sénateurs (sur un total de 72). Le vote est obligatoire et l’élection se fait par bulletins de vote sous enveloppe scellée.

Les 24 districts de l’Argentine éliront des députés nationaux, mais seuls huit voteront pour des sénateurs : Córdoba, Corrientes, Tucumán, Chubut, Santa Fe, Catamarca, Mendoza et La Pampa. Les sénateurs représentent les provinces au Congrès, à raison de trois pour chacune des 23, auxquelles la ville de Buenos Aires adhère.

En Argentine, le vote est obligatoire pour les citoyens de 18 à 69 ans et facultatif pour les jeunes de 16 et 17 ans et ceux de 70 ans ou plus.

Le défi

Le vote, au cours duquel plus de 300 postes sont élus, définira le rapport de forces au Congrès. Pour le gouvernement, il est essentiel d’essayer de conserver une partie de la marge de manœuvre dont il dispose aujourd’hui.

Perdre ces élections compliquerait l’agenda législatif du président Fernández, dans un scénario de grave crise économique et de négociation d’un nouvel accord avec le FMI. Un gouvernement affaibli dans les deux chambres aurait plus de mal à rédiger ses propres projets législatifs, en particulier dans un contexte post-pandémique, dans lequel il pourrait envisager d’aller de l’avant avec des politiques non liées à cette urgence. Aussi toute révision fiscale ou réforme judiciaire, sur laquelle le gouvernement insiste dès le début du mandat, serait davantage entravée.

L’exécutif sera confronté à deux défis majeurs après les élections : contenir l’écart de change entre le dollar officiel et le dollar informel, également appelé dollar bleu, et conclure un accord avec le FMI pour refinancer une dette de 44,2 milliards de dollars, héritée du gouvernement. de Macri.

Le Congrès doit approuver un éventuel accord avec le FMI, qui constitue le grand défi financier d’Alberto Fernández, pour restructurer le prêt de l’agence, afin de ne pas avoir à faire face aux paiements de la plus grande partie de cette dette, qui devrait être annulée jusqu’en 2023, date à laquelle il y aura à nouveau des élections présidentielles dans le pays.

Pendant ce temps, à quelques heures des élections, le groupe dit des prêtres de l’option pour les pauvres, à travers une déclaration, dans laquelle ils font le point sur la situation sociale et politique du pays, les prêtres expriment leur soutien à la gestion du gouvernement Fernández, proposent d’analyser la répartition des richesses pour résoudre le problème de la pauvreté et répudier toute tentative de modifier l’institutionnalité démocratique sur la base des résultats des prochaines élections.

La vice-présidente Cristina Fernández lors de la clôture de la campagne FDT. Photo : EFE