Le Congrès brésilien annule la loi Bolsonaro qui favorisait les fake news

Le président du Sénat brésilien, Rodrigo Pacheco, a signalé le rejet comme inconstitutionnel du décret signé il y a une semaine par le président Jair Bolsonaro, par lequel il interdisait la « suppression arbitraire » de contenus des réseaux sociaux, laissant ainsi ouverte la possibilité de promouvoir « fausses nouvelles », selon les rapports de l’EFE.

Cette mesure a également été suspendue presque simultanément par la magistrate de la Cour suprême de justice, Rosa Weber, en réponse à une demande du procureur général de la Nation faite la veille, qui considérait l’affaire comme un risque de diffusion d’informations manipulées.

Le retour du décret exécutif au palais présidentiel du Planalto a été annoncé par le plus haut dirigeant du Sénat lors de la séance plénière de mardi, au cours de laquelle il a assuré que « le simple traitement de la mesure (…) est déjà un facteur qui menace l’exécution du mission du Congrès national ».

Le décret, qui disposait de 60 jours pour être analysé au Congrès, a été rejeté moins d’une semaine par la chambre haute après avoir été sanctionné par le leader d’extrême droite pour, selon ses critères, garantir « la liberté d’expression sur les réseaux sociaux ».

Avec la décision, la mesure a perdu la validité immédiate conférée par sa publication au Journal officiel et qui, dans ce cas, n’a duré que huit jours.

Le décret exécutif visait à mettre fin aux suppressions « arbitraires » de contenus et de profils des réseaux sociaux, événements qui ont fait l’objet même de Bolsonaro lui-même, qui a déjà fait retirer des publications d’Internet pour contenir des mensonges, comme certaines indications sans contrôle pour traitements contre le covid.

Le décret prévoyait que le retrait de contenu des réseaux sociaux ne serait donné que sous « juste cause » et que les utilisateurs concernés pourraient exercer une « large défense » avant qu’une quelconque décision ne soit prise.

Selon le gouvernement, la suppression de contenus décidée uniquement par les réseaux sociaux nuit « au débat public d’idées et à l’exercice de la citoyenneté », constituant ainsi « une violation massive des droits et garanties fondamentaux ».

Dans le document adressé à Bolsonaro, le président du Sénat a souligné que le décret favorise « des changements inattendus » dans le cadre réglementaire d’internet au Brésil qui laissent place à « une insécurité juridique considérable », une prémisse qui avait déjà été prévenue par le Le procureur général de la Nation, Augusto Aras, qui a demandé lundi à la Cour suprême de suspendre la mesure.

Bolsonaro fait partie de ceux qui font l’objet d’une enquête de la Cour suprême dans le cadre d’un processus qualifié d' »attaques contre la démocratie » via les réseaux sociaux, qui a conduit plusieurs de ses partisans en prison.

Les détenus sont accusés d’avoir orchestré des actes antidémocratiques et d’avoir tenté de saper la confiance de la société dans les institutions du pays.