Le point de départ de la citoyenneté est les réformes agraires et urbaines

En ces temps d’explosion des sans-abrisme, il faut se rappeler que sur la voie de la transformation du Brésil, des réformes agraires et urbaines s’imposent. Le pays souffre d’une grave injustice foncière depuis sa création. Les soi-disant capitaineries héréditaires, où les Portugais recevaient des terres incommensurables dans le pays, étaient les mesures choisies par la couronne portugaise pour encourager l’invasion et la colonisation du pays. Depuis lors, la nation brésilienne a eu le malheur de voir une grande partie de son patrimoine foncier entre les mains de quelques propriétaires. Sans oublier que bon nombre de ces propriétaires fonciers ont atteint cette position par des moyens violents et illégaux.

Rien n’est aussi déroutant et aussi empreint de corruption dans le pays que la question du régime foncier. L’un des enjeux qui sous-tend ce défi national est le principe selon lequel, au Brésil, si quelqu’un a du pouvoir d’achat, il peut avoir autant de terrain et de maison qu’il veut.

Le prophète Isaïe a dit que Dieu ne permet à personne d’accumuler des terres et des maisons tant qu’il n’est pas le seul habitant du lieu (Ésaïe 5.8). Le texte impose des limites, personne ne peut avoir tout ce qu’il veut simplement parce qu’il le peut. Le principe scripturaire impose des limites au pouvoir d’achat.

Et c’est le premier schéma auquel il faut s’attaquer dans le pays. Car il faut imposer une limite à la possession, tant sur le nombre de propriétés que sur leur superficie. Selon les écritures, personne ne peut concentrer les propriétés au point de menacer le logement ou le droit à la terre, dont tous les êtres humains doivent jouir.

C’est précisément ce qui se passe au Brésil. Donc le droit au logement est nié à cause de la manière dont la propriété privée est autorisée, une manière totalement injuste.

En se concentrant sur la question agraire, on se rend compte que le pays souffre encore du facteur aggravant que les grands domaines pratiquent la monoculture, poussés par ce que le marché international paie mieux, qui est le principe de ce qu’on appelle l’agrobusiness.

Ce principe compromet l’agriculture de subsistance, responsable de la production alimentaire. De plus, il est responsable de l’exode rural, et de l’aggravation de la pauvreté, et de l’option pour les transgéniques, et de l’excès de pesticides ; et, en outre, il attaque l’économie populaire et la souveraineté nationale.

Il faut arrêter cette concentration et cette attaque.

Ce qui doit être fait à la campagne doit aussi être fait en ville. Au Brésil, la réalité de la possibilité d’une accumulation excessive dans le monde rural a été transférée à la réalité urbaine. Dans la ville, une personne peut, en théorie, posséder toutes les maisons, transformant tous les habitants possibles de la ville en locataires, ou les condamnant à vivre dans la rue.

En principe, la Bible n’est pas favorable à l’idée de possession. Et, sans aucun doute, c’est totalement contre l’accumulation et la concentration, pour que quelqu’un puisse être le seul résident de l’endroit, c’est-à-dire le seul propriétaire.

En d’autres termes, la Bible limite la propriété foncière, car elle remet en question la logique de la propriété privée, de sorte que ce prétendu droit ne peut être exercé aux dépens du droit au logement, auquel tous les êtres humains ont droit. Ainsi, dans l’Ecriture Sainte, le droit au logement est supérieur au droit de propriété.

Le but de Dieu est que chacun ait un chez-soi. Ainsi, une société chrétienne privilégie la fonction sociale de la propriété urbaine, car elle privilégie le logement. Dans le monde rural, la Bible donne la priorité à la production alimentaire, car elle donne la priorité à la sécurité alimentaire, ce qui n’est possible que sur de petites propriétés, même parce que la Bible ne soutient pas les grands domaines, comme l’a dit le prophète.

Nous, chrétiens du Brésil, devons prendre position du côté des réformes agraires et urbaines, notre foi l’enseigne.


Ariovaldo Ramos est coordinateur du Front des Evangéliques pour l’Etat de Droit et présente le programme À partir de maintenanttous les mercredis à 20h sur TVT

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