Les dégâts de l’amnistie électorale (PEC 9/23) vont au-delà des femmes et des Noirs – Jornal da USP

Les dommages causés par l’amnistie électorale dont traite le PEC 9/23 (lien) sont plus importants qu’on ne le pense. Elle va au-delà des quotas de genre et de race, aggravant l’affaiblissement de la législation électorale, déjà fragilisée par les précédentes amnisties électorales. Comme le PEC sera soumis à l’appréciation du mérite, il est encore possible de densifier la mobilisation de l’opinion publique pour inhiber ses auteurs.

Tout chez elle est gâchis; c’est un texte court et épais, qui vaut la peine d’être lu directement.

L’article 1 modifie l’amendement constitutionnel n. 117/2022, séparément, sans être intégré dans le texte constitutionnel. Ainsi, la Constitution fédérale, écrite pour la connaissance de tous, est agrégée de « puxadinhos », règles cachées à l’usage des intéressés. Vous n’êtes pas le premier à le faire ; EC 117 avait déjà adopté cette technique, démontrant que la dégradation démocratique s’exprime également dans le domaine juridique formel. Cet amendement, rappelons-le, est celui qui avait approuvé la précédente amnistie, en avril 2022.

La PEC 9/23 modifie l’article 3 de l’EC 117 pour exclure tout type de sanction pour ne pas avoir attribué de valeurs minimales aux femmes et aux candidats noirs lors des élections de 2022 et des élections précédentes. C’est nier une fois de plus la représentativité de ces majorités de la population (respectivement 51,1% et 56,1% de la population), que les règles politiques transforment en minorités (respectivement 18,2 et 24,6% des sièges à la Chambre fédérale).

Article 4 exclut également les sanctions dans la reddition de comptes relatives aux années antérieures à la promulgation de l’amendement, prolongeant en pratique la grâce qui avait été établie lors de la précédente amnistie, se terminant en 2022. Le plus surprenant est la justification de la PEC, basée sur sur la « sécurité juridique » !

Enfin, l’art. 5 crée une exception à l’interdiction du financement de la campagne des entreprises pour permettre l’apurement des dettes des partis avant 2015 à payer avec les ressources de l’entreprise. Cette disposition élimine l’un des effets indéniablement positifs de la décision STF qui était de simplifier le contrôle du financement électoral. Les demandes fondées sur des règles farfelues sont difficiles à contrôler, car il est toujours possible d’invoquer des circonstances particulières pour motiver un traitement exceptionnel. L’interdiction du financement des entreprises a simplifié le contrôle de la Caixa 2, ce qui en théorie minimiserait la corruption favorisée par le financement des entreprises en contrepartie d’avantages apportés par des élus ou des parlementaires.

Ce changement a conduit à la création du fonds électoral (Special Campaign Financing Fund), qui en 2022 avait une valeur de 4,9 milliards de reais. PEC 9/23 ramènera le financement des entreprises, sans aucune justification cohérente. Et même si l’usage est limité à l’apurement d’anciennes dettes, son effet peut perturber le contrôle de toute reddition de comptes ; on peut toujours réclamer le poids des dettes antérieures. De plus, comme on peut le voir, les amnisties électorales ont une dynamique incrémentale. Tout comme celui de 2023 est basé sur celui de 2022, si cette logique n’est pas brisée, il faut s’attendre à ce qu’un nouveau vienne s’ajouter à l’actuel, intégrant et élargissant éventuellement le financement des entreprises. Evidemment, sans réduire le fonds électoral.

Les amnisties électorales ne sont malheureusement pas nouvelles ; ils ne sont qu’une facette de nos lois « ne pas attraper ». Mais la situation actuelle est plus grave, car la survie de la démocratie est en jeu. L’extrémisme politique (qui n’est pas exactement la polarisation, car la seule chose qui est polarisée, c’est l’extrême droite ; il n’y a pas de mouvement équivalent de l’autre côté de l’échiquier politique) se caractérise justement par le mépris des règles démocratiques, parmi lesquelles la valeur intrinsèque de compétition électorale et acceptation du résultat par la partie perdante. De la violation de ces règles ou de leur corrosion au sein du système, naissent des « démocraties illibérales ».

Les piliers des démocraties libérales ont été établis au prix de nombreuses luttes politiques. Dans le contexte de la Glorieuse Révolution de 1688, lorsque le Parlement est venu occuper le centre du libéralisme anglais, John Locke a décrit la représentation politique, avertissant qu’« il ne faut pas que les mêmes personnes qui détiennent le pouvoir de légiférer aient aussi le pouvoir dans leur mains pour exécuter les lois, car ils pouvaient se dispenser d’obéir aux lois qu’ils faisaient et adapter la loi à leur volonté (Deuxième traité de gouvernement civil, § 143). Pour Locke, comme pour nous, la loi faite dans ces conditions aurait « des intérêts distincts de ceux du reste de la communauté, contraires à la finalité de la société ».

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