Les sièges de la paix

Après le prononcé de la justice par la Cour constitutionnelle et le Conseil d’Etat, ils ont relancé les 16 sièges convenus lors des négociations avec les FARC pour donner une voix au Congrès aux victimes et aux régions les plus touchées par les violences. Ce sera une démarche qui, en plus de modifier la composition de la Législature pour deux périodes, demandera de gros efforts pour son application.

Après une longue et épuisante controverse qui a empêché l’application de cette réforme constitutionnelle aux élections de 2018, les juges ont déjà défini la constitutionnalité de la loi qui les a créées conformément aux engagements acquis par le gouvernement à l’époque dans l’accord de La Havane qui plus tard Il a été approuvé au théâtre Colón dans la capitale de la République. Ce qui signifie que cette exception sera imposée pour deux périodes de quatre ans à partir de l’année prochaine, en fonction également de l’approbation de la loi réglementaire qui en règle l’exécution.

Sans entrer dans un débat de fond sur ce que signifie une telle mesure pour la composition du Congrès en tant qu’organe de contrôle politique et pour les dépenses publiques, il faut dire que l’initiative est louable dans la mesure où elle assurera le protagonisme des victimes. Mais, comme l’a noté le président Iván Duque en annonçant la sanction de l’acte législatif qui leur a donné vie, l’État doit garantir qu’il représente les victimes et les régions auxquelles il entend assurer une représentation au sein du législatif.

Cependant, plusieurs questions et préoccupations découlent de la décision. Le premier d’entre eux est de savoir comment l’Etat, c’est-à-dire la Justice, l’Exécutif, les corps électoraux et le Congrès feront pour garantir que cette indépendance soit réalisée et que les élus ne fassent pas partie de la politique traditionnelle. Il est évident que les partis voient la possibilité d’augmenter leur représentation au Congrès, et que ceux qui sont élus par le mécanisme extraordinaire ne seront pas seulement les porte-parole des victimes, car dans la pratique ils feront partie du jeu de pouvoir naturel dans un corporation électorale.

Mais la préoccupation la plus importante concerne la question de savoir si ces nouveaux membres du Congrès serviront à offrir à leurs électeurs les solutions et les revendications exigées par les victimes de la violence en Colombie.
Et si, en plus d’exercer la voix qu’elles avaient jusqu’à présent à tous les niveaux de l’Etat et de l’opinion publique, ces victimes assureront avec les 16 sièges les réformes constitutionnelles et juridiques, ainsi que les décisions de l’Exécutif pour répondre à leurs réclamations.

En tout cas, force est de reconnaître que lorsque la réforme a été sanctionnée par le Président de la République, la Colombie a fait un pas original dans le droit constitutionnel du monde pour tenter de rendre justice et étendre la démocratie participative, y compris les victimes au Congrès, avec voix et vote. Il faut espérer qu’à partir du moment où se tiendront les élections spéciales, les bénéfices hypothétiques d’une initiative née dans le feu de l’accord pour mettre fin au conflit avec les FARC pourront se concrétiser.