L’ONU alerte sur la violence croissante contre les anciens combattants des FARC

L’ONU a dénoncé jeudi la violence croissante à laquelle sont confrontés les anciens combattants des FARC dans le cadre du processus de réintégration à la vie civile dans une région du sud de la Colombie où opèrent des dissidents de la guérilla dissoute.

Depuis la signature de l’accord de paix en novembre 2016, l’organe qui supervise la réintégration de quelque 7000 anciens guérilleros a documenté 248 meurtres d’anciens combattants, dont 73 en 2020.

Les conditions de sécurité de ces hommes et femmes «se sont considérablement détériorées ces derniers mois» dans la zone frontalière des départements de Meta, Caquetá et Guaviare, a indiqué la mission de vérification des accords de paix des Nations Unies dans son rapport trimestriel. .

Dans ces régions, où la présence de l’Etat « est limitée », les rebelles qui n’ont pas accepté le pacte de paix « menacent et attaquent les anciens combattants (…) mettant ainsi en danger le processus de réincorporation », indique le document.

Un exemple de cette détérioration est que la majorité des meurtres d’anciens guérilleros ont eu lieu l’année dernière à Meta (11), suivi de Valle del Cauca (8) et Cauca (8), dans le sud-ouest.

Quelque 2300 combattants répartis dans divers groupes composent les soi-disant dissidents des anciennes Forces armées révolutionnaires de Colombie, les FARC, qui se sont écartées de l’accord de paix historique et sont principalement engagées dans le trafic de drogue et l’exploitation minière illégale, selon les renseignements militaires.

Selon le rapport, la violence est particulièrement vicieuse contre les anciens guérilleros qui mènent leur processus de réincorporation en dehors des espaces territoriaux de formation et de réincorporation (ETCR), initialement prévus dans l’accord et fortement gardés par la force publique, où il reste environ 2 500 ex-combattants.

Environ 35% des meurtres enregistrés en 2020 se sont produits dans ou à proximité de «nouvelles» zones de réincorporation, où «il n’y a pas de déploiement de sécurité spécifique», précise l’agence.

Selon l’ONU, «la présence limitée de l’État, les activités économiques illégales et la présence de groupes armés illégaux» dans les zones laissées vacantes par la guérilla sont les principaux facteurs expliquant la «violence continue» dans les zones où les anciens combattants sont réincorporés.

À ce jour, le parquet a obtenu 34 condamnations dans le cadre d’enquêtes sur 289 attaques contre des rebelles qui ont déposé les armes.

Bien que le pacte de paix ait réduit la violence politique, la Colombie connaît un conflit qui en près de soixante ans a fait plus de neuf millions de victimes, principalement déplacées.

Le pays a connu l’une des pires vagues de violence depuis la signature de l’accord en 2020, avec 90 massacres rapportés par l’Observatoire indépendant Indepaz, que le gouvernement attribue à des groupes qui se financent eux-mêmes grâce au trafic de drogue.

AFP