Dans l’antique tradition du Carnaval classique, de la fête populaire suprême qu’il est depuis des siècles, le mardi après-midi, quatrième et dernier jour de la fête, en était précisément le moment suprême. Et plusieurs des principales caractéristiques charnelles, rebelles et matérialistes du carnaval y étaient pleinement exposées : masques, aliments gras, boissons alcoolisées, fête sensuelle, travesti, catharsis, monde bouleversé, rituels, chants, cris et costumes humains et animaux. . . Tout cela incarné par un homme grand et épais vêtu de vêtements lumineux et colorés, entouré d’un grand tonneau de vin, de cochons, de céréales, de saucisses et de coqs, prenant un bon morceau de succulent rôti de porc à la table bien fournie où il mange. qu’il vient de dévorer, tandis qu’il montre à la main une grosse cruche débordante d’appétissant vin rouge. C’était le moment symbolique de plénitude de la fête carnavalesque.
Mais cette plénitude fut éphémère, car en cette fin d’après-midi, alors que le soleil se couchait et que commençait à s’installer la sombre arrivée de la nuit, c’était aussi le bon moment pour voir au loin apparaître son ennemi du Carême, qui s’approchant avec calme en tant que vainqueur du carnaval déclinant et qui avait plutôt la forme physique d’une grande vieille femme laide et sèche, encapuchonnée, vêtue de noir avec une croix sur sa poitrine émaciée, tenant dans une de ses mains osseuses une assiette qui n’offrait en guise de boisson qu’une maigre carafe d’eau, et pour le prochain repas solide un minable petit poisson maigre, presque aussi sec et peu attirant qu’elle.
Et cette vieille image dans laquelle les peuples organisés luttaient pour changer le monde et même la brève catharsis carnavalesque ajoutée à cet espoir, est de plus en plus loin. Reconstruire cette lutte sur de nouvelles bases plus solides sera difficile, cela prendra du temps et il faudra le faire. Et ce même carnaval, maltraité et faible aujourd’hui, ne cherche qu’à survivre dans ce monde actuel, néolibéral, ultramoderne et supercapitaliste dans lequel une étroite minorité riche possède tout tandis que des peuples entiers survivent écrasés et sans espoir au milieu de la faim, de la misère, des inégalités grandissantes, et voire la perte de son sens historique et de son identité.
Y es que, pese a su fuerza y dominio sobre los pueblos, a los que -arrasando partidos y sindicatos revolucionarios- ha domesticado y embrutecido hundiéndolos en la miseria, el miedo y la ignorancia, ese insaciable poder capitalista le teme a todo, y está dispuesto no sólo a mantener a cualquier precio a esos pueblos bajo su dominio sino también a hacer desaparecer, por pequeño que sea, todo lo que pueda despertarlos y mantener vivas sus críticas, así sean estas apolíticas, breves y catárticas, como las que hacía ver Carnaval.
Il y a plus et dans ce court espace je dirai seulement quelque chose sur son histoire, son caractère et sa situation actuelle.
1. Il convient de partir de la distinction nécessaire entre carnaval et carnavalesque, car le carnaval, qui est médiéval et moderne, est l’expression suprême et définitive du carnavalesque, dont la très longue histoire remonte aux temps anciens et urbanisés de l’ancien sociétés de classes et commence par des partis de substitution des rois comme le Sas et le Zagmouk Babyloniens. Peu de détails sont connus à leur sujet et les Saceas sont rejetés comme un antécédent carnavalesque car ils étaient célébrés en été, alors que le carnaval est une fête d’hiver entre la fin et le début de l’année, ce qui lui donne le caractère d’une fête hors du temps et lui donne toute liberté. En tout cas, les thèmes carnavalesques ultérieurs qui dérivent de ces fêtes anciennes et d’autres, comme revivre l’origine heureuse et sans classe de l’humanité, plus tard associée entre les Grecs et les Romains au dieu Cronos ou Saturne, et reconstruire ce monde originel dans un esprit cathartique chemin à travers un investissement social capable de mettre les pauvres vers le haut et les riches vers le bas même pour quelques jours, sont des idées que nous voyons dans le Cronias grec et plus précisément dans les Saturnales romaines.
2. La relation conflictuelle entre le carnaval et l’Église chrétienne est essentielle, car malgré les apparences, le carnaval n’est pas païen mais chrétien. Les festivités du carnaval survivent à la chute de l’Empire romain d’Occident au Ve siècle, et l’Église chrétienne, qui s’étend dans toute l’Europe, les condamne comme païennes et diaboliques pour leur langage, leurs costumes et leur sensualité ouverte. Mais cette première ébauche de carnaval stagne d’elle-même, car l’Europe devient rurale au milieu de la misère des premiers siècles médiévaux. Le carnaval n’est possible que dans le monde urbain, dans les villes où il y a des fêtes et des rassemblements populaires ; et elle ne renaît, grandit et prend une forme définitive que lorsque l’Europe s’urbanise à partir du XIIe siècle. L’Église continue de le condamner comme pécheur et païen, mais le Carnaval avance, entrant dans l’Église avec ses croupes, ses fêtes folles, ses fêtes d’ânes, et aussi avec ses costumes et ses défilés de rue. Et au milieu de cette rivalité, personne ne semble se rendre compte que le Carnaval est chrétien, seulement qu’il est gratuit et pécheur, nécessaire en tant que tel pour que l’Église, par le Carême, saint, lourd et répressif, punisse et pardonne les péchés carnavalesques par des prières. . , pénitences et aussi avec d’autres costumes, des costumes saints, comme les Nazaréens. C’est que le Carême n’est pas vraiment l’ennemi du Carnaval mais son complément nécessaire comme négation, si bien qu’après 40 jours d’austérité le Carême est également nié, et la synthèse entre les deux contraires se produit enfin, qui est Pâques, la victoire définitive de l’Église quand après sa passion et sa mort, Jésus-Christ, le dieu chrétien auquel tous deux croient, ressuscite.
3. Le carnaval, qui est européen, atteint son apogée au XVIe siècle et dans cette Europe toujours pleine de guerres, de massacres et de conflits, il y a pourtant place pour un carnaval auquel la bourgeoisie et l’aristocratie participent avec le peuple. Mais au 17ème siècle, la bourgeoisie et l’aristocratie ont créé leurs propres carnavals car désormais le populaire semble vulgaire et méprisable à l’Europe. Un modèle de carnaval d’élite est celui de Venise, un carnaval exquis où il n’y a pas de place pour la catharsis puisqu’il s’agit d’une fête pour les maîtres du pouvoir. A Venise tout est beau, pas seulement les femmes mais même les masques.
Le carnaval est arrivé dans cette Amérique au XVIIe siècle, ce que l’Église a condamné. De plus, il y a peu d’espace politique pour lui et c’est déjà au milieu du XXe siècle qu’il gagne de l’espace et du soutien populaire en y ajoutant des traits indigènes et africains. Et le principal a été le Brésilien, qui s’est imposé par la richesse de ses chars et l’irrésistible beauté sensuelle de ses femmes. Mais nos carnavals, qui ont peu de carnaval d’antan et de débat entre catharsis et folklore, ne sont plus des carnavals mais nos propres fêtes carnavalesques, des carnavals américains originels. Il faut donc partout faire du carnaval une fête paisible et familiale, avec de joyeuses marches civiques et des déguisements pour les enfants.
Il y a juste quelque chose ici. Et c’est que le carnaval populaire était une fête conflictuelle, pas du tout pacifique et que ce carnaval civique et beau actuel qui se célèbre partout, est bourgeois. Dans ce monde aujourd’hui au pouvoir de l’extrême droite et où une minorité de riches possède tout alors que le peuple vit dans la misère en luttant pour survivre, la participation populaire à tout type de fête carnavalesque est exclue car un peuple affamé au fond à moins que vous pense que c’est dans un carnaval. Mais c’est aussi parce que s’il le faisait et y participait, ce serait dangereux pour le pouvoir, s’il est de droite, puisque toute idée d’inverser les rôles des riches et des pauvres dans le monde cesserait d’être la proposition d’un bref et catharsis anodine et serait plutôt un appel à la rébellion ou à une explosion sociale, avec tout ce que cela signifie. Bref, le carnaval ancien et délabré n’a cessé d’être inconfortable et même dangereux.
Vladimir Acosta