Avez-vous entendu parler de la théorie de la dépendance ? Sinon, venez chez Politize ! explique.
théorie de la dépendance ou Théorie marxiste de la dépendance (TMD), sont des formulations théoriques qui cherchent à comprendre, dans une perspective marxiste, les relations entre les pays centraux et périphériques du système capitaliste mondial. Bien qu’il soit moins répandu au Brésil que dans d’autres pays d’Amérique latine, l’un des plus grands théoriciens de la dépendance est le Brésilien Ruy Mauro Marini.
Qui était Ruy Mauro Marini ?
Ruy Mauro Marini est né en 1932 dans la ville de Barbacena-RJ. Il a rejoint le cours d’administration publique à l’École brésilienne d’administration publique et commerciale en 1953, où il a noué des liens avec le mouvement étudiant. Puis est entré dans le Polop (Organisation marxiste révolutionnaire des travailleurs politiques)une organisation politique marxiste opposée au Parti communiste brésilien.
En 1962, il entre à l’UNB (Université de Brasilia) en tant que professeur d’université. Marini commence alors à approfondir ses études sur la l’Amérique latine à la lumière des travaux marxistes et marxistes, avec l’influence de Lénine, Rosa Luxemburg et Tróstki. Durant cette période, l’auteur fait les premiers pas vers la formulation de la Théorie de la Dépendance, dont les bases contredisent les concepts formulés par le PCB et par la CEPALC (Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes).
Après le coup d’État militaire de 1964, qui marque le début de la dictature militaire brésilienne, Ruy Mauro Marini reste en exil, d’abord au Mexique, puis au Chili, jusqu’au coup d’État qui renverse Salvador Allende, retour au Brésil que dans les années 1980. Cette longue période d’exil est l’une des raisons qui ont rendu l’œuvre de Marini plus répandue dans les pays hispanophones d’Amérique latine et moins au Brésil.
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De plus, Marini a été marginalisé par le débat académique brésilien qui s’opposait à ses idées. Fernando Henrique Cardosopar exemple, un autre intellectuel qui théorisait sur la dépendance et critiquait Ruy Mauro, dans les années 1970 et 1980, disposait d’une grande liberté pour publier ses œuvres, tandis que Marini et d’autres auteurs en étaient empêchés.
À son retour au Brésil dans les années 1980, il fréquente l’Universidade das Nações Unidas, devient professeur à la Fesp-RJ et, plus tard, en 1986, retourne à l’UNB au Département de science politique. Enfin, Marini décède des suites d’un cancer lymphatique en 1997 à Rio de Janeiro à l’âge de 65 ans.
La théorie de la dépendance de Ruy Mauro Marini
Comme mentionné précédemment, la théorie de la dépendance cherche à comprendre les relations entre les pays développés et sous-développés ou, les soi-disant, les pays au centre et à la périphérie du système capitaliste.
En ce sens, Marini développe sa théorie en ayant pour L’Amérique latine comme objet d’étude et la marxisme comme méthode d’analysemais contrairement à d’autres auteurs, il le fait à partir d’une interprétation non dogmatique.
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Mais que serait un interprétation non dogmatique? Cela signifie que, bien que l’auteur utilise des concepts marxistes, il ne s’est pas contenté d’essayer d’adapter la réalité complexe des sociétés latino-américaines à des idées préformulées. Au contraire, il est parti de ces formulations pour comprendre l’Amérique latine, en faisant les reformulations nécessaires, en tenant compte des particularités de l’économie et de la société latino-américaines.
Qu’est-ce que la dépendance ?
Pour Marini, la dépendance devient définitive au moment où se produisent simultanément l’indépendance des pays d’Amérique latine et la révolution industrielle en Angleterre. Ces événements créent un scénario favorable à la création d’un lien économique entre les pays nouvellement libérés, où prédomine une économie agro-exportatrice, et l’Angleterre, qui voit la nécessité de spécialiser sa main-d’œuvre industrielle.
Ainsi, le développement de la dépendance peut s’expliquer lorsque le les pays du cœur du système capitaliste commencent à forcer les pays périphériques à se spécialiser dans la production de biens primaires, dans le but de les exporter et d’approvisionner leurs industries. Ainsi, pour Marini, la DIT (Division Internationale du Travail) représentait la consolidation de la dépendance, configurée de manière à déterminer un développement spécifique pour l’Amérique latine, afin de maintenir la relation de dépendance.
De plus, bien que cette relation de dépendance puisse se construire de force, à travers des conflits militaires et des restrictions douanières, ces moyens tendent à devenir inutiles. En effet, la dépendance modifie en sa faveur et au niveau national le mode de production des pays dépendants. C’est-à-dire que la structure économique de chaque pays d’Amérique latine est conçue pour maintenir la dépendance, pas pour la surmonter.
Surexploitation du travail
Ce dernier paragraphe montrait que, malgré la dépendance accordée au niveau international, cela implique des problèmes internes aux pays d’Amérique latine. C’est dans ce sens que Ruy Mauro Marini a élaboré son concept important : la surexploitation du travail.
Mais qu’est-ce que la surexploitation du travail ? Expliquons-nous !
L’auteur met en évidence l’existence d’un déséquilibre des échanges entre les pays centraux du système capitaliste et les pays périphériques. Alors que les pays centraux vendent des produits manufacturés, commercialisés à un prix plus élevé, les pays périphériques commercialisent leurs matières premières, vendues à un prix inférieur.
En conséquence, les pays périphériques sont lésés par le change, et au lieu d’essayer d’inverser cela en corrigeant ce déséquilibre des prix, ils cherchent des solutions au niveau interne. Ainsi, la solution pour inverser les dégâts générés par ce que Marini appelle « le secret de l’échange inégal » passe par la réduction des coûts de production.
Il en résulte une surexploitation de la main-d’œuvre, qui est caractéristique des pays dépendants. La surexploitation signifie que les travailleurs latino-américains ils travaillent plus longtemps, à une intensité plus élevée et sont payés en dessous de ce qui est nécessaire à leur propre survie.
Pour Marini, ces 3 éléments : l’intensification et l’allongement de la journée de travail et la rémunération en dessous de ce qui est nécessaire à la reproduction de la force de travail, configurent la surexploitation du travail, car « en termes capitalistes » ils signifient que le travail est rémunéré en dessous du salaire minimum sa valeur.
« Dans les trois mécanismes considérés, la caractéristique essentielle est donnée par le fait que le travailleur se voit refuser les conditions nécessaires pour remplacer l’usure de sa force de travail : dans les deux premiers cas, parce qu’il est contraint de dépenser une plus grande quantité de force de travail supérieure à celle qu’il devrait fournir normalement, provoquant ainsi son épuisement prématuré ; dans ce dernier, parce qu’il est même privé de la possibilité de consommer le strict nécessaire pour maintenir sa force de travail dans un état normal.
(Ruy Mauro Marini dans « La dialectique de la dépendance », p. 157)
sous-impérialisme
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C’est un autre concept que Ruy Mauro Marini mobilise et qui contribue à la construction de la compréhension de la théorie marxiste de la dépendance élaborée par l’auteur.
Pour Marini, le sous-impérialisme est une conséquence de la nouvelle division internationale du travail, qui a commencé après la Seconde Guerre mondiale et a marqué la restructuration du système capitaliste dans le monde. Selon l’auteur, l’accumulation du capital au niveau international se traduit par l’émergence de sous-centres. C’est-à-dire les pays périphériques qui, en raison de cette restructuration, commencent à développer des caractéristiques des pays centraux, telles que le monopole et la financiarisation.
Cependant, les pays identifiés comme « sous-centres », conservent toujours leurs spécificités, qui Brésil, par exemple, est considéré comme l’un de ces pays. En ce sens, bien que les pays périphériques aient commencé à avoir une certaine importance économique et politique par rapport aux autres, leur caractère de dépendance demeure.
Alors, avez-vous pu comprendre certains des concepts de Ruy Mauro Marini autour de la théorie marxiste de la dépendance ? Dites-nous!
