
Savez-vous ce qu’est l’anti-punitivisme ? Dans ce texte, nous allons nous plonger dans le concept et les principales pensées anti-punitivistes, n’est-ce pas ?
Le système juridique brésilien prêche que pour certains comportements, il doit y avoir une certaine punition. Les peines prévues par la loi peuvent aller de l’amende à la peine privative de liberté. La peine de mort est également prévue au Brésil, mais seulement dans des cas très spécifiques, comme les crimes commis en temps de guerre.

L’anti-punitivisme apparaît alors comme un contre-mouvement aux tendances coercitives de l’État. L’anti-punitivisme peut être décrit comme ceux qui ne croient pas à la punition comme mesure efficace pour lutter contre les maux sociaux et défendre l’élimination des prisons et du système pénitentiaire.
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Qu’est-ce que l’antipunitivisme ?
L’anti-punitivisme, ou abolitionnisme pénal, peut être décrit comme le mouvement qui prône la fin de l’incarcération comme forme de contrôle social. Il soutient que le système carcéral est incapable de resocialiser les détenus et de protéger la population, en plus d’être une solution simpliste à des problèmes sociaux complexes tels que l’inégalité sociale et la consommation de drogue.
Cependant, il est important de souligner que l’anti-punivisme est un courant et non une pensée unique, de sorte que la manière dont ces idées sont défendues peut varier d’une personne à l’autre. Tout au long du texte, nous approfondirons les différents arguments de l’anti-punitivisme et ses principaux représentants !
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Que signifie l’anti-punitivisme ?
Nous savons que l’anti-sanction n’est pas un courant unique, mais allons-nous mieux comprendre ce que signifie l’anti-sanction ?
En premier lieu, l’agenda commun des différents courants anti-punition est la critique du système pénal, qui se concentre sur la punition des coupables. En ce sens, Hulsman, l’une des principales références du débat abolitionniste, souligne que la privation de liberté est utilisée comme un moyen de causer de la souffrance et de la ségrégation sociale.
Hulsman enseigne que le système pénal est très inefficace, car il est incapable de resocialiser les personnes incarcérées et d’apporter la sécurité à la population. Ne tient pas compte de la promotion d’un modèle successeur, substitut, à l’actuel en matière de justice pénale ; son engagement est dans les institutions, dans leurs effets et leur fonctionnement dans la société.
Un autre aspect pointé par les anti-punitivistes est que la justice est utilisée comme un outil par et pour certains groupes au détriment d’autres. En ce sens, la population au pouvoir économique, social et politique élevé a des avantages par rapport à la population plus vulnérable.
Ce cadre se caractérise par sélectivité pénale. Lorsque nous analysons les données historiques et la composition des prisons au Brésil, la sélectivité pénale devient encore plus évidente.
Selon les données de juin 2022, la population carcérale brésilienne est de 654 704, dont environ 95 % sont des hommes. La plupart des personnes incarcérées appartiennent à des groupes historiquement marginalisés, tels que les Noirs et les personnes issues de quartiers pauvres.
De plus, la plupart des prisonniers au Brésil n’ont même pas terminé leurs études secondaires. Il convient également de noter que les crimes les plus commis sont ceux contre les biens (comme le vol et le vol) et ceux découlant de la loi sur les drogues. Pour les chercheurs en criminologie, ces types de criminels sont liés à l’inégalité.
La chercheuse en anthropologie Juliana Borges (2018) affirme que le système pénitentiaire brésilien est responsable du maintien des inégalités sociales et du racisme structurel et que ses performances reposent sur une logique punitive.
L’auteur soutient qu’une fois l’esclavage aboli, afin de garantir le contrôle social, en particulier sur les groupes structurellement subalternes, il était nécessaire de légaliser d’autres pratiques de hiérarchisation raciale et sociale dans la société.
En ce sens, les anti-punitivistes cherchent à réfléchir sur la relation directe entre la structure d’un passé esclavagiste colonial et la criminalisation de la pauvreté, puisque la population la plus vulnérable est celle qui souffre le plus des effets de l’incarcération.
En outre, l’anti-punivisme soutient que les souffrances et les peines causées par la privation de liberté n’empêchent pas les crimes futurs, tout comme elles n’apportent pas de réparation aux victimes. Dès lors, le système pénal et carcéral tel que nous le connaissons serait voué à l’échec.
Ainsi, l’anti-punitivisme cherche à défendre une société qui ne se concentre pas sur l’emprisonnement et la vengeance comme moyen de lutter contre les maux sociaux, car il estime que le système actuel est ségrégatif et inefficace pour resocialiser et résoudre les problèmes sociaux qui conduisent à la criminalité. .
Pour les antipunitivistes, l’accent ne devrait pas être mis sur la punition du citoyen qui commet un crime, mais sur la lutte contre les problèmes sociaux qui mènent à la criminalité et repenser la logique de la criminalisation et pourquoi certains comportements sont criminalisés.
Principales propositions anti-punitivistes
Les abolitionnistes pénaux s’appuient sur des fondements pluridisciplinaires, principalement issus de la sociologie, de la criminologie et du droit, pour défendre l’anti-punitivisme. Parmi les fondamentaux que l’on retrouve le plus souvent dans les ouvrages sur le sujet, nous avons :
- La prison favorise la récidive, car le milieu carcéral est incapable de se resocialiser et dans de nombreux cas, il peut aggraver la situation du détenu puisque les conditions qui y sont vécues détruisent le moral de la personne ;
- Il n’y a aucune preuve que les peines de prison préviennent les crimes;
- La peine restreignant la liberté est disproportionnée lorsqu’il s’agit d’infractions contre la propriété, montrant que la société actuelle valorise les biens matériels plus que la vie ;
- Il faut arrêter de construire de nouvelles prisons et de criminaliser de nouveaux comportements ;
- Les prisons sont inhumaines et produisent la violence et la dégradation des valeurs culturelles ;
- Les coûts d’entretien du système pénitentiaire sont très élevés et pourraient être mieux investis dans d’autres domaines ;
- Ce qui en vient à être qualifié de crime et ses sanctions sont définis dans une structure hiérarchique qui finit par mettre en lumière les inégalités sociales, de genre et ethniques ;
- Il est nécessaire d’investir dans les politiques sociales et la dépénalisation des drogues.
Cependant, certains courants abolitionnistes admettent des sanctions telles que l’indemnisation, la médiation et la conciliation, mettant ainsi l’accent sur la justice réparatrice. Ce type de justice cherche à concentrer ses efforts sur la réparation de la victime.
Une construction plus moderne de l’anti-punitivisme défend la figure de la « gestion des conflits », selon laquelle il chercherait à donner à ceux qui sont impliqués dans un conflit l’occasion de parler de la situation et de trouver une solution commune.
Cependant, l’efficacité de l’abolition pénale dépend avant tout d’un changement structurel, puisque le système pénal et carcéral actuel n’est rien d’autre que la systématisation d’une structure aux origines lointaines.
Qui défend l’anti-punitivisme ?
Ceux qui défendent l’antipunivisme peuvent être qualifiés d’antipunitivistes ou d’abolitionnistes pénitentiaires. Parmi les défenseurs de l’anti-punivisme, nous avons quelques noms célèbres, notamment dans le domaine académique :
- Thomas Mathiesen : théoricien et professeur norvégien. Il est l’un des plus grands représentants du mouvement abolitionniste des prisons. Il a écrit plusieurs ouvrages sur le sujet tels que La politique de l’abolition C’est Prison en procès.
- Louk Hulsman : professeur néerlandais, est l’un des principaux théoriciens de l’anti-punivisme. Il comprend l’abolitionnisme comme une pratique qui s’exerce au présent en refusant le langage de la justice pénale et en résolvant des situations problématiques hors de sa sphère.
- Ângela Davis : l’auteure américaine a publié des ouvrages traitant de l’abolitionnisme tels que « Les prisons sont-elles obsolètes ? », dans lequel elle suscite des réflexions sur le système carcéral qui privilégie les politiques répressives de sécurité.
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anti-punitivisme contre punitivisme
Si vous êtes arrivé jusqu’ici, vous connaissez déjà les différences entre les courants punitifs et anti-punitivistes, mais allons-y : la principale différence entre les deux courants est la façon dont ils voient la punition.
La punitivité défend que l’État doit appliquer des sanctions à ceux qui violent la loi et que ces sanctions doivent être proportionnelles aux dommages commis. Ils soutiennent que pour que la société soit plus sûre, les peines doivent être plus sévères et que la peur d’une éventuelle punition suffit à empêcher les crimes de se produire.
L’anti-punitivisme, on l’a vu, discrédite l’efficacité de l’application des peines, notamment la prison, pour former une société meilleure. L’anti-punitivisme soutient que le système carcéral et même le droit pénal finissent par aggraver les inégalités sociales et ignorer les problèmes sociaux qui poussent les gens à commettre des crimes.
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Suggestions de lecture
Vous souhaitez mieux comprendre le système carcéral et les arguments pour et contre l’anti-sanction ? Nous vous recommandons de lire les ouvrages ci-dessous.
Le premier groupe est constitué d’œuvres de « littérature carcérale », c’est-à-dire d’œuvres qui traitent la prison comme l’axe central et déterminant de l’ensemble de l’œuvre. Dans ce groupe, la relation entre la littérature et le système carcéral est l’argument de tout le récit, qui dépeint essentiellement la prison, une certaine société et ses types humains caractéristiques.
Ainsi, parmi ce groupe, nous recommandons les œuvres suivantes : « Mémoires de prison », de Graciliano Ramos ; « Mémoires de la maison des morts », de Fiodor Dostoïevski ; « En prison », de Kazuichi Hanawa ; « Le dernier jour d’un forçat », de Victor Hugo ; et « Estação Carandiru », de Drauzio Varella.
Le deuxième groupe est composé d’ouvrages qui traitent de la représentation de la prison dans la littérature et l’écriture qui ne se contente pas de rendre compte d’un système carcéral particulier, mais l’insère dans l’une des trames de l’histoire.
C’est l’exemple de « L’Étranger », de Camus ; « Le Comte de Monte Cristo », de Dumas ; et « Journal d’un voleur » de Genet. Ces œuvres resserrent le lien entre l’intrigue et la prison, mais l’expérience dans un système carcéral devient complémentaire dans l’ensemble du récit.
Alors, avez-vous réussi à comprendre ce qu’est l’anti-punitivisme ? Quelle est votre opinion sur le sujet ? Laissez votre réponse dans les commentaires?