Science et technologie – USP Journal

« Au Brésil, la science et la bonne littérature sont sur le terrain, tout ce qui compte c’est vendre du sucre, du café, du coton, du riz et du tabac. Quelle différence à cet égard entre les villes du Brésil et celle du Mexique, La Havane, Lima, Santa Fe, Quito, Popayán et Caracas. Seule Mexico a l’Ecole des Mines, l’Académie des Arts Nobles, le Jardin des Plantes, l’Université, une gazette littéraire.

Cet extrait de Projets pour le Brésil, de José Bonifácio de Andrada e Silva, le grand mentor de l’indépendance brésilienne, illustre très bien la manière dont la science et les arts étaient (et sont toujours) traités dans ce pays. Né à Santos, Bonifácio était un naturaliste formé en Europe et dont les contacts s’étendaient de Humboldt à Lavoisier, il savait donc très bien de quoi il parlait. Il était également un écologiste et un abolitionniste convaincu. Défenseur de la réforme agraire. En tant qu’homme de lettres, il a imaginé les rapprochements contemporains entre l’art et la science. Il s’agit de l’affirmation célèbre et très actuelle selon laquelle « au Brésil, la vertu, quand elle existe, est héroïque, car elle doit lutter contre l’opinion et le gouvernement ». Quand on pense à ce (mauvais)gouvernement actuel qui s’achève et aux dommages qu’il a engendrés par rapport aux arts, aux sciences et à l’université, sans parler de l’environnement, le souvenir de cet homme d’État de l’Empire devient encore plus opportun. .

La science qui se produit aujourd’hui au Brésil est le résultat exclusif de l’engagement de l’université, de la dynamique qui s’établit en son sein et autour d’elle. En ce sens, ce numéro qui clôt les célébrations du Bicentenaire de l’Indépendance, sur « Sciences et Techniques », est, en quelque sorte, un hommage à l’université, à toute la communauté des chercheurs qui osent encore stoïquement faire de la science dans ce de campagne. Comme l’a déclaré Glauco Arbix, professeur au Département de sociologie de la FFLCH/USP et organisateur du dossier, « la crise qui a secoué la planète a rendu la science explicite comme une activité nettement humaine et liée à la vie sociale, et non comme un corps intelligent à part, avec un statut différencié et extérieur à la société ». La science nous appartient donc à tous. Et puisse-t-il en être ainsi pour les 200 prochaines années.

Jure Renovato