Un pays à compter

Ce pays qui se débat. Le pays de Winston, un garçon de douze ans qui rêve de courir à nouveau et de marquer des buts à Tiquisio, au sud de Bolívar, avec cette jambe gauche qu’un legbreaker l’a envoyé aux soins intensifs …

Ce pays qui se bat dans la Valle del Cauca pour la paix, de la chaire et de la parole de Mgr Isaías, même si la mort vient une nuit noire pour la faire taire en vain …

Ce pays qui se dresse en Silvia pour ne pas se laisser tuer pour lui-même. Et qu’il se réveille tôt à Buenaventura habillé en femme, comme Flor María, le débardeur devenu boxeur (…) car toujours, depuis qu’elle était enfant, elle devait briser le visage du malheur.

Ce pays qui crée. Des offrandes de la réserve Tierradentro aux vers du Wayuú, à qui la ville veut leur refuser le droit d’être poésie …

Ce pays de médecine légale qui à Palmira ou Guayabetal donne la bonne nouvelle aux personnes en deuil que, finalement, grâce à Dieu, une personne disparue a cessé d’être disparue et est devenue un homme mort à la chair putride et aux os cassés …

Ces lignes sont des extraits du prologue de «Crónica, des témoignages qui font l’histoire», un livre que Colprensa a lancé en tant que projet il y a vingt ans et un texte qui a été publié en avril 2002. Non sans le soutien de ses propriétaires: El País de Cali , El Colombiano, Vanguardia Liberal – comme on l’appelait alors -, El Universal de Cartagena, La Patria de Manizales, La Opinion de Cúcuta et d’autres journaux payants.

Au-delà de la commémoration, il y a un certain nombre de choses ici qui s’avèrent être plus que de simples coïncidences. Le premier est dans les histoires qui y sont enregistrées, sous forme de chroniques, faites dans le cadre naturel indispensable du journalisme, la rue. Et fait, comment pourrait-il en être autrement, par des journalistes.

Ce sont des journalistes – et ce n’est pas non plus une coïncidence – qui, de plus, sont toujours là, en première ligne du reportage, parce qu’ils n’ont jamais connu ou vont connaître un autre flanc. Je vois dans le livre, avec leurs histoires, les jeunes visages (ils doivent admettre qu’ils ne sont plus si jeunes) de Paola Andrea Gómez, Olga Lucía Criollo, César James Polanía et Gerardo Quintero (liés à cette maison, bien que dans le livre il y a beaucoup plus de collègues à qui je commets maintenant l’injustice, même si c’est pour l’espace, pour ne pas nommer).

Je les vois et les lis (eux et bien d’autres comme Fernando Alonso Ramírez, Jhon Jairo Torres et Reinaldo Spitaletta) et il me semble que tous les journalistes vont mourir, ce qui, croyez-moi mes amis, n’est pas si mal.
Il y a, en regardant vos œuvres d’hier et celles d’aujourd’hui, autant de passion que de cohérence. Le premier a été instillé par les enseignants, le second est ratifié à chaque étape et à chaque ligne.

Des journalistes qui, Dieu merci, sont loin du pouvoir, de raconter l’histoire de ce pays qui ne change pas. Ce qui s’avère être moins une coïncidence. Parce que ces histoires écrites il y a vingt ans sont les mêmes que celles d’aujourd’hui, comme le pays lui-même.

Des histoires d’autres Winston qui porteront des cicatrices pour toujours et de la nouvelle Flor María qui ne se laisse pas toucher sur le ring, et encore moins en dessous. Des histoires de nouveaux Colombiens dont les rêves sont tronqués par la violence et finissent par faire du travail médico-légal, soit à Buenaventura, soit à Palmira. Et des gens de Silvia qui ne se laissent pas tuer juste pour ça. Et d’autres monsignors, comme Isaías, qui ne se taisent pas et ne se laissent pas réduire au silence. Et des poètes de Tierradentro, qui veulent continuer à écrire des vers.

Des gens ordinaires, humbles, bons, dignes de plus de chroniques qui témoignent de notre véritable histoire. Écrit par vous, et plus d’hommes et de femmes, avec ce journalisme qui ne sait vivre que debout.

Chapeau 1: Au revoir, père Joaco Sánchez. Vous passez par la Grande Porte. Maître, votre bonté et votre bon sens seront grandement nécessaires.

Enveloppe 2: @Directvcol fait ce qu’il veut avec les prix, la programmation et les utilisateurs. Maintenant, il a retiré le signal de la télévision espagnole. Et si la Superindustrie faisait trembler ce lion?

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