Une audience sur la garde en visioconférence en cas de pandémie ouvre la porte à une régression

São Paulo – Le Sénat a approuvé mardi dernier (18) le projet de loi (PL) 1473/2021 qui autorise la tenue d’audiences de garde par visioconférence pendant la pandémie. Rédigé par le sénateur Flávio Arns (Pode-PR) et le rapporteur par la sénatrice Simone Tebet (MDB-MS), le projet va être voté à la Chambre des députés. La proposition est considérée avec inquiétude par les organisations de défense des droits de l’homme, car la pratique pourrait «rendre le scénario de torture des prisonniers encore plus invisible».

Les experts disent qu’il est possible de maintenir des audiences en face à face pendant la pandémie, à condition que des soins de santé appropriés soient suivis, tels que le port de masques et le détachement. D’autre part, ils soulignent que, étant donné que les tribunaux investissent des ressources dans des outils électroniques pour mener des vidéoconférences, il y aura des pressions pour maintenir ce mécanisme même après la fin de l’urgence sanitaire.

L’audience de garde a été instituée en 2015, par une résolution du Conseil national de la justice (CNJ). L’instrument détermine que la personne arrêtée sur le fait, ou par mandat, doit être conduite dans les 24 heures en présence du juge. Le magistrat doit évaluer la légalité de l’arrestation et s’il existe des preuves d’abus commis par des agents de sécurité.

Cependant, le rapport Investigation in Labyrinth, réalisé par l’ONG Conectas Human Rights en partenariat avec l’Institut pour la défense du droit à la défense (IDDD), souligne que le mécanisme ne fonctionne toujours pas correctement. Sur 53 signalements de violences commises par des policiers militaires signalés entre 2015 et 2018, aucun n’a abouti à l’ouverture de poursuites pénales contre l’agent.

Risques d’audience de garde à distance

Le PL détermine que, pour l’audience virtuelle, le détenu reste seul dans une pièce, qui doit avoir des caméras internes et externes. Pourtant, l’avocat pénaliste José Carlos Portella Júnior, membre du Collectif Avocats et Avocats pour la Démocratie (Caad), note qu’ils peuvent être insuffisants. Le détenu peut, par exemple, ne pas compter sur la présence de son avocat dans l’unité, ce qui rendrait l’environnement «hostile» pour dénoncer d’éventuels abus subis.

«Cela découragera la personne de faire ce rapport car elle sera isolée dans une pièce, à l’intérieur de l’unité pénitentiaire, avec des personnes faisant partie du personnel de l’unité», a déclaré Portella, dans une interview avec la journaliste Júlia Pereira Journal actuel du Brésil Vendredi (21). Pour lui, la présence du juge sur les lieux donne plus de sécurité au détenu, lorsqu’il doit dénoncer des abus commis par la police.

Selon le texte approuvé par le Sénat, l’audience de garde à distance ne devrait avoir lieu que lorsqu’il n’est pas possible de la conduire en personne. Cependant, pour Clarissa Borges, conseillère en plaidoyer (Pratique du droit définie par l’action en faveur des causes et des droits), Clarissa Borges, le risque est que l’exception devienne la règle.

«Nous allons surveiller l’investissement des tribunaux dans l’acquisition de matériel, dans l’embauche de techniciens. Nous courons donc le risque d’une forte pression sur le pouvoir législatif exercée par les tribunaux », a-t-il déclaré. Le but des auditions étant de permettre le contrôle de l’activité policière, le thème touche «des intérêts très profonds dans la société brésilienne», selon elle.

Avocate du programme de Conectas pour lutter contre la violence institutionnelle, Carolina Diniz souligne que les audiences par vidéoconférence devraient aggraver la scène d’abus. «Nous devons lutter pour l’amélioration de l’audience de garde, avec la meilleure production de rapports d’infractions pénales, etc. Mais ce que nous voyons maintenant est un revers absurde. Il perdra sa raison d’être ».

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