Vizcarra se rendra au Congrès pour faire face à une éventuelle destitution

Le président péruvien Martín Vizcarra se rendra au Congrès lundi prochain pour assister à un nouveau procès de destitution pour corruption présumée, après que le Parlement eut rejeté sa demande de reporter le processus à vendredi, a rapporté jeudi le gouvernement.

"Nous respectons les décisions souveraines du Parlement et si hier (mercredi) il a répondu qu'il n'est pas possible d'aller de l'avant, nous acceptons la date et le président assistera au Parlement lundi", a déclaré le Premier ministre Walter Martos aux journalistes.

Le Congrès envisage de débattre d'une nouvelle motion de destitution pour «incapacité morale permanente», la seconde depuis qu'il a réussi un autre acte d'accusation le 18 septembre pour avoir prétendument fait obstruction à une enquête parlementaire et judiciaire sur un prétendu trafic d'influence.

Cette deuxième motion a été présentée par le parti populiste minoritaire Union pour le Pérou (UPP), qui est basée sur les déclarations de deux hommes d'affaires qui ont assuré au parquet qu'ils avaient versé deux pots-de-vin à Vizcarra, en échange de contrats de travaux publics lorsque le président était gouverneur. de Moquegua, en 2014.

Les montants des pots-de-vin présumés s'élèvent à 2,3 millions de soles (environ 623 000 dollars).

L'affaire fait l'objet d'une enquête du parquet depuis 2018. Vizcarra nie avoir reçu des paiements et attribue la demande à une manœuvre visant à affecter les élections d'avril 2021.

Le Congrès est composé de 130 législateurs et 87 voix sont nécessaires pour supprimer Vizcarra.

Le président péruvien n'a pas de parti ni de banc au Congrès, ce qui le rend politiquement faible.

La vacance présidentielle est une attribution du Congrès qui permet à un président de mener un processus politique éclair pour déterminer s'il a commis une faute ou un crime qui l'empêche de continuer à diriger le pays.

Vizcarra avait demandé d'avancer la session parlementaire à vendredi pour ne pas plonger le pays dans l'incertitude politique.

La motion de destitution sera débattue alors que le Pérou paie un coût élevé pour la nouvelle pandémie de coronavirus, avec 34 671 décès et 911 787 infections depuis mars, ce qui a mis en évidence la précarité du système de santé.

De plus, l'économie péruvienne chutera d'environ 12,5% en 2020, frappée par un confinement de plus de 100 jours qui a semi-paralysé le pays.

Le Pérou organisera des élections présidentielles et législatives conjointes le 11 avril 2021. Vizcarra termine son mandat le 28 juillet de la même année et ne peut pas se présenter à nouveau, le Pérou interdisant la réélection immédiate d'un président.

AFP