La décision de l’Équateur

Après une campagne intense et batailleuse, l’Équateur a élu Guillermo Lasso comme prochain président. C’était la fin d’un affrontement et l’apparence d’une opportunité de surmonter les problèmes subis par la nation voisine.

Avant le second tour, les résultats suggéraient un large triomphe pour Andrés Arauz, le candidat de Rafael Correa et le populisme qu’il incarne, connu pour ses dix ans au pouvoir. Le jeune et surprenant candidat a reçu le soutien de 32,72% des voix au premier tour, contre 19,74% de Lasso, un vétéran privé qui avait été battu à deux reprises par Correa et son successeur, Lenin Moreno.

Cependant, au milieu d’une campagne rude et pleine d’insultes, il y a eu un énorme réalignement des électeurs, indubitablement causé par les craintes et les réserves générées par l’éventuel retour du correísmo au pouvoir. Cela a été accru par la certitude que la polarisation se fermerait et avec elle la vengeance et la manipulation de la justice pour faire passer des comptes de recouvrement contre les opposants de Correa, contre le journalisme libre qui dénonçait ses abus et contre les juges qui ont condamné l’ancien président et ses amis pour corruption.

Cela a conduit à 53% de votes en faveur de Lasso et Arauz recevant 47% des voix, ce qui a empêché une confrontation entre les partisans des candidats, en plus de produire une reconnaissance presque unanime de la transparence et de l’efficacité avec laquelle agissait le Conseil électoral national de l’Équateur. . La reconnaissance de sa défaite face à son adversaire et l’appel à l’unité d’Arauz et du Lasso victorieux ont contribué à ce nouveau climat de tranquillité.

La question porte désormais sur la manière dont le nouveau président équatorien pourra rendre cet appel viable, même avec la déclaration d’Arauz dans le même sens. Il est clair que le Congrès est très divisé, le Correismo a le plus grand nombre de sièges. La non-conformité de larges secteurs de sa société se développe et la politique souffre d’une grande crise de crédibilité, qui rendra difficile la construction de cette union nationale.

Mais il est également incontestable que l’Équateur traverse l’une de ses périodes les plus difficiles, causée par une crise économique qui a été aggravée par la pandémie et les mesures qui ont dû être prises pour faire face au Covid-19. Il est également évident que la stratégie contre le coronavirus a échoué, et le gouvernement de Lénine Moreno ne semble pas chanceux de remplir un devoir prioritaire, la mise en place d’un plan efficace pour conjurer le virus.

Ce n’est là qu’un des nombreux problèmes auxquels le président élu devra faire face, à compter du 24 mai, dont le premier est d’appliquer le mandat des urnes pour surmonter la polarisation et restaurer la crédibilité de ses institutions. Pour la Colombie, outre le soulagement sur lequel elle peut compter avec un allié indispensable, cela implique également le devoir de rechercher des alliances étroites pour intégrer davantage les économies et faire face au trafic de drogue et à la violence qui affectent leur frontière commune.