La mauvaise direction

Au 21e siècle, la Colombie a fait un progrès très important dans la réduction de la pauvreté, après deux décennies de croissance économique soutenue. Les pauvres sont passés de 50 % en 1999 à 27 % en 2018 et l’extrême pauvreté est passée de 22 % à 7 %. Par conséquent, nous avions une classe moyenne équivalente à 30 % de la population et, en 2014, elle était supérieure au total des pauvres.

Jusqu’à l’année dernière. Les confinements nous ont laissé la pire crise économique de l’histoire. Le PIB a chuté de 6,8 %, le chômage a grimpé à 15,9 % et, par conséquent, aujourd’hui, deux Colombiens sur cinq sont pauvres.

Je suis convaincu que l’accent mis sur la politique économique doit être mis sur la lutte contre la pauvreté. Il y a ceux qui pensent que la voie passe par les dépenses publiques et le réseau d’aide sociale. Par conséquent, il leur est indispensable d’augmenter les revenus de l’Etat. Dans les circonstances actuelles, cela ne peut se faire qu’en augmentant les emprunts publics, en vendant des actifs ou avec de nouvelles taxes. C’est ce que fait le gouvernement. C’est pourquoi en janvier de cette année, la dette publique a atteint 61,40% du PIB, soit près de 13% de plus qu’en 2019. C’est pourquoi le gouvernement a pris la décision de vendre des entreprises et des actifs de l’État. Et c’est pourquoi il a proposé la réforme fiscale la plus agressive de notre histoire, une réforme qui a échoué avec éclat.

Bien que la proposition qui a échoué était structurellement bien meilleure, la nouvelle a deux vertus : elle a été discutée avec des secteurs très différents et elle est réaliste. Avec beaucoup de praticité, Restrepo s’est concentré sur ce qui était possible. Focalisée sur l’augmentation de l’impôt sur les sociétés, cette réforme se déroulera au Congrès et ne rencontrera pas plus de résistance de l’opinion publique.

Je reste cependant. La bonne voie est à l’opposé de celle décidée de suivre : l’impôt doit se faire dans la logique de chercher à augmenter la croissance, la génération de richesse et la création d’emplois et, ainsi, réduire la pauvreté de manière structurelle et non temporaire. Cela ne se fait pas en pérennisant des programmes extraordinaires comme le Revenu de Solidarité, indispensable l’an dernier mais qui ne devrait pas être prolongé au-delà de 2021, ni en sanctionnant l’entrepreneuriat. L’augmentation du taux de location à 35% pour les entreprises, même micro et petites, qui représentent 98% de l’ensemble et génèrent 82% des emplois, serait le coup fatal pour beaucoup qui ont à peine survécu au covid et aux manifestations et blocages criminels.

Notre objectif doit être de réduire structurellement la pauvreté et de faire de la Colombie un pays que nous possédons tous. Pour cela, nous devons créer le plus d’emplois possible de la manière la plus rapide entre nos mains. Punir l’entrepreneuriat, les petits et les micro-entrepreneurs, n’est pas la bonne façon de le faire.
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