Le Chili en vedette dans une élection sans précédent de gouverneurs régionaux

La population de 13 des 16 régions du Chili retourne aux urnes aujourd’hui, pour le scrutin lors des élections des gouverneurs régionaux, une nouvelle position qui pour la première fois est décidée par le vote populaire, rapporte Prensa Latina.

Lors des élections des 15 et 16 mai, seuls les candidats à ce poste ont été élus dans les régions de Valparaíso, Aysén et Magallanes, les seules à avoir dépassé 40 pour cent des voix, une barrière fixée pour ne pas avoir à passer au second ronde de ce dimanche.

Cette élection est importante car ce poste fait partie des mesures visant à décentraliser le pouvoir dans ce pays, puisqu’il remplace les maires nommés directement par le Président de la République. En pratique, le nouveau gouverneur régional sera chargé de l’administration de chaque territoire et d’assurer son développement social, culturel et économique, en élaborant des politiques de développement pour chaque territoire.

Les analystes insistent également sur le fait que le résultat de cette élection donnera une perspective de ce qui pourrait se passer lors des élections présidentielles prévues le 22 novembre prochain et de la corrélation des forces politiques à travers le pays.

Les élections de mai dernier ont été un désastre pour les partis traditionnels, car les urnes ont donné une nette victoire aux candidats indépendants et à ceux de la gauche représentant le Front large et le Parti communiste.

En revanche, la droite a obtenu une faible représentation dans la Convention constitutive, dans laquelle elle n’a pas pu atteindre les deux tiers souhaités des 155 membres de cet organe, a perdu des mairies emblématiques et a été exclue des discussions sur la gouvernance de l’importante métropole. Région.

Quelque chose de similaire est arrivé aux forces de la soi-disant ex-Convertación, à l’exception du Parti socialiste, dans leur représentation parmi les électeurs, bien qu’elles aient maintenu une présence significative dans les élections d’aujourd’hui.

Les observateurs prévoient une très faible participation à cette convocation, en cohérence avec le fort abstentionnisme caractéristique des élections au Chili, d’autant plus que désormais les motivations qui ont poussé les électeurs à voter en mai n’existent plus.

A cette occasion, l’élection de la Convention constituante a suscité un énorme intérêt, mais malgré cela, seuls 45,31 % des électeurs ont voté.

Plus de 40 mille bureaux de vote sont disposés dans tout le pays, qui fermeront à 18h00, et selon le Service électoral, les résultats seront connus vers 21h00.

Le président du Chili, Sebastián Piñera, a affirmé ce dimanche que les élections régionales sont une opportunité « historique » pour le pays, selon l’EFE.

« C’est une élection très importante et historique. Aujourd’hui, pour la première fois, des Chiliens de 13 régions vont élire leur gouverneur », a déclaré le président, qui a décidé de ne parler au nom d’aucun candidat ni de rendre son vote transparent.

Avant que le poste ne soit nommé par l’Exécutif, il s’agit donc d’un vote sans précédent et considéré par beaucoup comme une étape cruciale vers la décentralisation du pays.

Malgré la pertinence politique du scrutin, qui pourrait ébranler la course présidentielle, l’élection devrait déplacer moins d’électeurs que les méga-élections de mai, où 43% des listes électorales ont participé, en raison d’une augmentation drastique des infections au COVID-19 en les dernières semaines qui ont obligé à mettre en quarantaine toute la capitale.

« Il est très important que cette élection et toutes les élections soient très participatives et sûres. Nous devons respecter les soins personnels. Le coronavirus s’est relâché en Europe et aux États-Unis, mais il a été cruel envers l’Amérique du Sud », a ajouté Piñera.

L’élection intervient à un moment compliqué de la pandémie, avec un pic historique de cas actifs de covid-19 (plus de 62 000) et avec toute la région métropolitaine, la plus peuplée du pays et dans laquelle se situe la capitale, toujours en quarantaine totale, ce qui pourrait affecter le nombre de personnes qui se rendent aux urnes.

Les nouveaux gouverneurs, qui prendront leurs fonctions le 14 juillet pour une durée de quatre ans, deviendront des autorités à forte visibilité et, dans de nombreux cas, des contre-pouvoirs territoriaux au Santiago centralisé, où se concentre le pouvoir public, mais aussi le pouvoir des entreprises.

Deux candidats de gauche, Claudio Orrego et Karina Oliva, s’affrontent dans la capitale après avoir réussi à renverser la seule proposition du parti au pouvoir au premier tour, et optent pour le poste le plus voté du pays après celui de chef de l’Etat.

Son concours confronte deux secteurs de gauche polarisés : Orrego appartient à la Démocratie chrétienne et symbolise l’aile plus traditionnelle, tandis qu’Oliva représente une gauche renouvelée, mais avec moins d’expérience, car il appartient au Front large, une coalition qui a éclaté en 2017.

L’importance du gouvernorat de Santiago augmente d’ailleurs si l’on tient compte du fait que les élections présidentielles approchent à grands pas, le 21 novembre, et que le gouverneur de la capitale pourrait devenir l’orateur et le bastion de certains candidats. Oliva inclinerait l’axe de l’opposition vers la gauche radicale, pouvant promouvoir le candidat du Front large, Gabriel Boric, ou celui du Parti communiste, Daniel Jadue, qui domine les sondages. En revanche, Orrego pourrait être la figure qui fait bouger un aspirant modéré.