Le formulaire fiscal

Nous avons passé des jours de terreur, encerclés dans notre propre ville, prisonniers volontaires dans ce genre de guerre civile non déclarée.

Des gaz lacrymogènes montèrent, des pistes bloquées brûlèrent, des pétards explosèrent au loin; ils tiraient en l’air ou au visage; les affrontements abondent. Les banques ont été incendiées et les entrepôts pillés. Il y a eu des excès de la police. La paranoïa d’une population connue pour être non protégée a grandi.

La violence parvient presque à détourner l’attention de la véritable raison des manifestations: la réforme fiscale.

Après avoir insisté sur ce désastre annoncé, par le gouvernement, a jeté une étincelle sur l’herbe sèche.

Une fois la proposition retirée, la responsabilité politique d’avoir poussé à la limite une situation aussi tendue doit être analysée. Tant d’entêtement et de folie délibérée du gouvernement, qui a accepté? Quel climat politique a-t-il recherché?

Un temps précieux a été gaspillé, à chercher à combler la difformité de la réforme, à essayer de déchirer cet imprescriptible Frankenstein et enfin de le supprimer. Cela a coûté des vies! Ça a coûté des blessés! Juste pour commencer.

Retirez le vandalisme de la scène pendant un moment et voyez la réalité d’une citoyenneté pacifique, de toutes les couches et de tous les secteurs, qui a payé un coût très élevé pour essayer de rester à flot au milieu de la pandémie.

Pour certains, proposer dos au sentiment national est un calcul politique; pour la grande majorité des gens, la différence entre le bord et l’abîme.

C’est pourquoi ce qui s’est passé samedi à Cali, et dans plusieurs villes, a donné un tournant énergique à la situation: des marcheurs pacifiques, par milliers, ne se sont pas laissé éloigner de la voix, ni du droit constitutionnel de manifester, et sans destruction des biens publics et privés, le foyer volé est revenu au point central. Pour eux, c’est cette victoire.

Ils essaieront de dire qu’au nom des concessionnaires viendra un quatrième pic de la pandémie, mais la vérité est que cette proposition de réforme ne pourrait pas être plus inopportune, au milieu du troisième pic national. Quel a été le premier, l’œuf ou la poule?

D’abord, la douzaine d’œufs à 1 800 $, du ministre Carrasquilla, en franc déconnexion avec la réalité qu’il entend réformer, la version nationale et moderne de «en l’absence de pain, les bons sont les gâteaux», attribuée à Marie-Antoinette.

Espérons que le successeur du ministre des Finances comprend la responsabilité historique qui lui incombe, et au-delà d’une bulle dans le palais, il comprend la complexité de la vraie Colombie. Votre mission sera de guérir les blessures ouvertes.

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