Néolibéralisme
Le néolibéralisme est la tentative de ressusciter le libéralisme économique du XIXe siècle, discrédité par les crises économiques récurrentes et dévastatrices de la première moitié du XXe siècle, déclenchant deux guerres mondiales et d’innombrables autres conflits.
Les néolibéraux prônent la non-intervention de l'État dans les affaires économiques, la liberté absolue du capitalisme de fixer les conditions du processus productif, l'application de la loi de l'offre et de la demande pour réguler l'économie et les conditions de travail, ainsi qu'une diminution drastique dans la taille et les pouvoirs de l'État, avec la privatisation des entreprises et des services publics. Le comportement des systèmes dits néolibéraux contredit presque totalement ces postulats.
Eh bien, l’intervention de l’État, gardien de certains rapports de production, défenseur de la propriété privée et créateur, exécuteur et juge de l’application des normes, est vitale pour la survie du capitalisme. L'État est le créateur et le promoteur de tous les systèmes protectionnistes grâce auxquels le grand capital s'est développé ; réprime les travailleurs pour qu'ils acceptent une rémunération minimale ou des salaires inférieurs au salaire minimum ; vient à la rescousse chaque fois que les mécanismes du capital ont déclenché une crise, en aidant les entités financières en faillite avec des « bouées de sauvetage en or » ; maintient un appareil militaire coercitif pour défendre les intérêts de ses capitalistes dans le pays et à l’étranger.
Rien n’est plus faux que la doctrine capitaliste de la « diminution de la taille de l’État ». La part du PIB consommée par l’État est proportionnelle au développement du pays, et en est en partie responsable. Selon le rapport de l’Organisation du commerce et du développement économique Aperçu des administrations publiques : Amérique latine et Caraïbes 2017 (Éditions Ocde, Paris) « L’État est en moyenne beaucoup plus petit dans la région de l’Amérique latine et des Caraïbes que dans les pays de l’Organisation du commerce et du développement économique. Les dépenses publiques atteignent 31,5 % du PIB en moyenne dans les pays ALC, contre 41,5 % dans les pays de l’OCDE.
Le grand capital, en outre, marchande ses obligations fiscales et parvient parfois à les contourner en plaçant ses bénéfices dans des paradis fiscaux ou en obtenant d'importantes exonérations de l'État : les revenus publics sont stabilisés en élargissant l'assiette fiscale et en la chargeant sur le plan économique. le plus faible, comme c'est le cas pour la taxe sur la valeur ajoutée.
Quant à la quasi-disparition de l’État, cela signifierait la quasi-disparition du capitalisme. Qui maintiendrait la police, les tribunaux, les systèmes éducatifs et les armées qui, à leur tour, dans les pays capitalistes, protègent le capital ? Dans les pays capitalistes les plus avancés, une machine toute-puissante a été créée, le « complexe militaro-industriel », qui contribue à maintenir la production et attaque les États socialistes, nationalistes ou simplement propriétaires de ressources naturelles par une agression multiforme et continue.
Le néolibéralisme a toujours été imposé sans consultation populaire, par l’intervention brutale de l’État même qu’il prétendait exécrer. Au Chili, avec le coup d’État contre Salvador Allende en 1973. En Indonésie, à travers un massacre qui a coûté la vie à un demi-million de personnes. En Europe, le « démantèlement de l’État-providence » a été réalisé, avec Margaret Thatcher, entre 1979 et 1990. Ronald Reagan et George Bush l’ont démantelé aux États-Unis. Au Venezuela, le paquet néolibéral de 1989 a déclenché un soulèvement social qui a été réprimé au prix de quelque cinq mille vies.
Consensus populaire
En 1989, la Banque mondiale, le Département du Trésor des États-Unis et le Fonds monétaire international ont imposé un décalogue appelé Consensus de Washington, à tous les pays soumis au capitalisme. Nous proposons contre cela un Consensus du Peuple, applicable par les gouvernements révolutionnaires ou progressistes, selon les principes suivants :
- Politique budgétaire orientée vers le bien-être social et le développement, même au prix de déficits budgétaires raisonnables.
- Réorientation des subventions vers des investissements pour le développement du pays et des investissements sociaux dans l'éducation gratuite à tous les niveaux, des soins de santé universels gratuits et des plans de logement accessibles et des infrastructures socialement utiles.
- Une réforme fiscale basée sur les principes de territorialité et de progressivité, qui impose davantage les revenus les plus élevés, révise et élimine les exonérations fiscales, exemptions et immunités accordées aux grands capitaux nationaux et étrangers, et réduit ou supprime les taux d'imposition des classes populaires.
- Taux d'intérêt adaptés aux politiques sociales et supprimés pour certains prêts à intérêt social.
- Taux de change réglementés par l'État, doté de pouvoirs étendus et décisifs en matière de contrôle des changes.
- Contrôle social du commerce, et particulièrement du type et du montant des importations, avec interdiction de certaines d'entre elles, taux de douane élevés pour décourager les importations de produits de luxe et droits de douane faibles ou exonérés pour les importations d'intérêt social.
- Des limites strictes aux investissements directs étrangers (IDE) ; en l'autorisant uniquement pour les domaines dans lesquels il n'existe pas de capacité technique nationale, qui ne sont pas décisifs pour le développement ou la sécurité de la nation, toujours au moyen de concessions limitées dans le temps et en extension et discrétionnairement révocables, sans leur accorder de privilèges et d'avantages supérieurs à ceux de leurs nationaux, et sous le contrôle public total et soumis aux lois nationales.
- Renationalisation des entreprises d'État et des services publics privatisés et socialisation progressive des exploitations économiques.
- Réglementation complète des activités économiques, avec un accent particulier sur les raisons de sécurité, de protection de l'environnement et des consommateurs, et sur la nationalisation ou la surveillance stricte des entités financières.
- Sécurité juridique des droits des travailleurs, avec le strict respect des lois du travail et sociales, l'irréversibilité effective des acquis obtenus et le respect dans les délais des normes constitutionnelles qui réservent aux tribunaux de la République la résolution des conflits en matière d'intérêt public.