Le saut de Cláudio Willer vers le bas – Jornal da USP

LES Le 13 janvier de cette année 2023, le poète, essayiste et traducteur Cláudio Willer, né à São Paulo en 1940 et qui nous a laissé une parole poétique et une parole de témoignage aigu de l’expérience contemporaine, est décédé. Quand il a participé à l’anthologie des présences littéraires dans mon livre Écrivain brésilien aujourd’hui, la propriété foncière (Lisbonne, Imprensa Nacional-Casa da Moeda/Secrétariat à la Culture de l’État de São Paulo, 1985), a commenté sa traduction passionnée d’Artaud, reconnue après sa mort ; pour lui, cette traduction et la traduction de Ginsberg ont ressuscité le génération de battement dans les années 1980. Au fond, comment sa propre poétique était vouée à poursuivre cette révolution des valeurs qui n’a pas eu lieu, malgré toutes les découvertes de diverses vagues d’artistes (p. 532).

Le regard acéré de Cláudio Willer s’exprime dans le premier livre de poésie, de 1964, déjà dans le titre : Notes pour une apocalypse (Éditeur Massao Ohno). Mais c’est du deuxième livre, jours circulairesmélange de poèmes et de réflexions, publié par la même maison d’édition en 1976, qui rassemble deux textes d’inspiration pérenne.

Au regard de l’étroitesse des horizons dans la catégorisation dichotomique du monde ou de la littérature (je dirais aussi dans la réflexion sociale) :

Il ne s’agit pas d’évaluer de façon critique tel type de langage, de le classer comme « pop », « surréaliste », « néo-romantique » etc., de classer les œuvres et leurs créateurs comme avant-gardistes ou académiques, engagés ou aliénés. La catégorisation des poèmes en «bons» ou «mauvais», ainsi que les thèmes exposés ci-dessus, ne sont qu’une autre des dichotomies caractéristiques de la pensée manichéenne qui sous-tend tout ce qui est répressif dans la civilisation occidentale. (Journées circulaires, p. 22.)

Concernant les impossibilités récurrentes de l’Histoire, toujours en 1976, l’essayiste confesse :

Il restait de tout cela un sentiment d’épuisement et de découragement, un grand gâchis, et, pour beaucoup d’entre nous, une suspension du processus créatif, le silence comme seule attitude possible face à l’un des grands « spectacles ». de l’irrationalité fournie par l’histoire.

(…) Que les bonnes consciences ne se reposent pas tranquilles : ce n’est pas l’Apocalypse, cette fois ; tout ce qui s’est passé n’était qu’une des convulsions qui précèdent le vrai tremblement de terre, une vague bande-annonce du film que tout le monde devra regarder. C’est maintenant que l’Occident commence à connaître sa véritable atmosphère de fête, le pressentiment de quelque chose de nouveau à venir, puisque la voracité du capitalisme, agissant comme ces gens qui essaient encore d’emballer les restes et de les ramener chez eux, ne peut pas avant de transformer tout cela en une vaste calvitie planétaire.

Dans ce souvenir posthume, je veux enfin mobiliser un des fragments que Cláudio Willer a choisi pour les pages que je lui ai consacrées dans régime foncieren 1985 :

une génération a sauté dans l’abîme
mais tu es allé plus loin
ou sauté plus profondément
a soulevé le couvercle de la vie
pour voir ce qu’il y avait dessous
pour voir qu’il n’y avait rien dessous

Je vais prendre les trois premiers couplets, poète.

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