« Lygia était la grande nouvelliste dans un pays de romanciers » – Jornal da USP

Décédée le 3, Lygia Fagundes Telles se compare à Machado de Assis dans l’art du récit court, selon un expert

par Luiz Prado

L’écrivain Lygia Fagundes Telles – Photo : Publicité/Filma

« Elle avait une capacité magistrale à construire des personnages, en particulier des figures féminines », explique le professeur Jaime Ginzburg, de la Faculté de philosophie, lettres et sciences humaines (FFLCH) de l’USP, à propos de l’écrivaine Lygia Fagundes Telles, décédée le 3 passé en São Paulo à l’âge de 98 ans. « Dans ses œuvres, diverses formes de relations entre les femmes sont présentées en détail, ce qui peut inciter le lecteur à réfléchir sur ce qui rapproche les femmes et ce qui les sépare les unes des autres. Entre autres exemples, il convient de rappeler les inquiétudes de Bruna au sujet de Letícia, en Pierre Cirandales contrastes entre les protagonistes de Les filles et les souvenirs de mères qui ont perdu leurs filles en Le secret et Une ombre blanche pâle.”

« Lygia Fagundes Telles était la grande nouvelliste d’un pays de romanciers. Peu, dans notre littérature, étaient les auteurs qui savaient exécuter le récit court avec une maîtrise comparable à celle de Lygia », explique Cláudia Ayumi, étudiante diplômée à la FFLCH qui étudie le travail de l’auteur. « La capacité de condenser magistralement en bref les grandes impasses de la subjectivité face à la vie sociale troublée du Brésil peut être attribuée, en particulier, à deux grands auteurs de la littérature brésilienne : Machado de Assis et Lygia Fagundes Telles. Celle-ci, sans le vouloir, était plus qu’une écrivaine de son temps et de son pays (et la reconnaissance internationale confirme cette information), mais elle était aussi l’auteure qui, explorant l’épisodique, se souciait d’apparaître, toujours dans des textes pleins de poésie, les contradictions de l’individu insérées dans notre réalité historico-sociale.

L’ancien doyen de l’USP, Jacques Marcovitch, met en lumière le rapport entre le travail et la vie dans la trajectoire de Lygia Fagundes Telles. « Femme sereine et anticonformiste, belle et combative, libre et engagée, elle laisse en héritage, en plus de son œuvre de longue haleine, son exemple de vie. Une vie pleine de sens dans laquelle il a cultivé la foi, l’espérance et la solidarité. Dès lors, vos paroles continuent de résonner dans votre seconde vie. Une présence que Lygia a conquise dans la mémoire collective pour aujourd’hui et pour toujours », déclare-t-il.

Pendant le mandat de Marcovitch en tant que doyen, Lygia était membre du conseil consultatif de l’USP, un organe créé en décembre 2000 dans le but de renforcer les relations entre l’Université et la société. A cette occasion, l’écrivain a dit au Revue USP: « Je m’occupe de la parole, mon seul pouvoir. J’essaie, par la parole, non pas de panser les plaies du pays, car je n’en ai pas le pouvoir, mais de les dénoncer ». Lors de la première réunion de ce conseil consultatif, tenue en mars 2001, elle a souligné : « Il faut avoir de l’espoir. Espérer que chaque jeune entre à l’université, espérer mettre fin à l’analphabétisme, à la pauvreté et à la violence ».

Marcovitch se souvient de la participation de Lygie au conseil. « Le jour où le Brésil aura plus d’écoles et de crèches, il aura moins d’hôpitaux, moins de prisons et moins de violence », telle était la conviction partagée par l’humaniste et écrivaine Lygia Fagundes Telles » lors de ce meeting, en mars 2001, souligne l’ancien recteur.

Couvertures de livres de Lygia Fagundes Telles – Image : Reproduction

Née à São Paulo le 19 avril 1923, Lygia était romancière et nouvelliste et détenait certaines des plus hautes distinctions de la littérature nationale. Sa carrière littéraire débute à l’âge de 15 ans, en 1938, avec la publication du recueil de nouvelles sous-sol et maison de ville. L’auteur considérerait cependant ses véritables débuts dans les lettres, comme une auteure mûre, le roman Pierre Cirandaà partir de 1954.

Elle est diplômée de la faculté de droit de l’USP et a été procureure à l’Institut des pensions de l’État de São Paulo. Mais sa véritable vocation, comme il l’a admis dans une interview, était l’écriture. Parmi sa longue trajectoire figurent des volumes tels que Avant le ballon vert (1970), Les filles (1973), Séminaire sur les rats (1977) et enfants prodigues (1978). En plus des adaptations cinématographiques, théâtrales et télévisuelles, ses livres ont été traduits dans plusieurs langues, dont l’allemand, l’espagnol, le français, l’anglais, l’italien, le polonais, le suédois et le tchèque.

En 1985, Lygia deviendra la troisième femme de l’histoire à être élue à l’Academia Brasileira de Letras. En plus de cette reconnaissance, l’auteur recueillera, tout au long de sa carrière, plusieurs prix Jabuti et le prix Camões, la plus haute distinction de la littérature de langue portugaise, reçu en 2005. Elle était mariée à deux professeurs de l’USP : le juriste Goffredo da Silva Telles Junior, de la Faculté de droit, et le critique de cinéma Paulo Emílio Sales Gomes, de l’École des communications et des arts (ECA).