Duque envisage la possibilité de déclarer un état d’agitation interne

Le président colombien Iván Duque a déclaré mercredi qu’il n’excluait pas de décréter un état d’agitation interne en raison de la croissance des manifestations contre son gouvernement dans certaines villes du pays, en raison de politiques impopulaires et de la répression qui en a laissé au moins 24 morts et plus de 800 blessés, bien que l’ONG Temblores affirme que les violences ont coûté la vie à 37 personnes au cours des huit derniers jours.

«Des chocs internes ciblés ont été appliqués dans le passé, je ne dis pas que je vais le faire ou que c’est imminent, ce que je dis, c’est que nous ne renonçons à aucun outil que la Constitution et la loi nous donnent pour protéger citoyens », a déclaré Duque dans une interview à la station Blu Radio.

Selon la Constitution colombienne, l’agitation interne est un état d’urgence qui peut être déclaré par le président en cas de graves troubles de l’ordre public qui menacent de manière imminente la stabilité institutionnelle et la paix nationale.

Il confère également au président des pouvoirs exceptionnels avec lesquels il pourrait même édicter des lois et des décrets ou passer des contrats directement et sans appel d’offres, entre autres.

Duque a fait ces déclarations quelques heures avant que des milliers de Colombiens ne descendent à nouveau dans les rues du pays au début de la deuxième «grève nationale» pour protester contre son gouvernement.

En revanche, le chef de l’Etat a également déclaré qu’il n’exclut pas des rencontres avec des dirigeants politiques et d’autres secteurs, interrogé sur une offre de médiateur faite mardi par l’ancien président Juan Manuel Santos.

L’ancien président a exprimé sa volonté de rencontrer Duque et d’aider ainsi à trouver des solutions à la crise due aux manifestations sociales et aux violences policières qui secouent le pays.

«Je ne suis pas une personne partial. Beaucoup de gens m’ont dit que si je rencontrais Rodrigo Londoño Timochenko (ancien chef de l’ancienne guérilla des FARC), je l’ai rencontré. Si je l’ai fait avec lui, comment puis-je ne pas rencontrer d’autres dirigeants politiques? On ne peut pas couper les espaces de conversation », a déclaré Duque.

Le président a assuré qu’il y avait des mains criminelles derrière les foules qui ont commis du vandalisme ces derniers jours dans des villes comme Bogotá et Cali, mais il a évité de parler de violations des droits de l’homme, de disparitions et de meurtres commis par les forces de l’ordre.

Le secrétaire du gouvernement de Bogotá, Luis Ernesto Gómez, a signalé qu’au moins 72 civils et 19 policiers ont été blessés lors de l’émeute de la nuit dernière, au cours de laquelle des vandales ont attaqué au moins 23 postes de police, dont l’un a été incendié avec dix agents à l’intérieur.

De leur côté, la police a déclaré que 25 commandements d’attention immédiate (CAI) avaient été attaqués par des foules et que trois d’entre eux avaient été complètement détruits.

Avec des informations d’EFE