« La photo en Haïti et à Cuba est inquiétante et mérite beaucoup d’attention » – Jornal da USP

C’est ce que dit le professeur Pedro Dallari dans sa chronique cette semaine. Il a également souligné le manque d’aide internationale à ces deux pays des Caraïbes

Par Cendrillon Chaudière

Le récent assassinat du président d’Haïti, Jovenel Moïse, et les manifestations populaires pratiquement sans précédent à Cuba contre le gouvernement ont attiré l’attention du monde sur cette région des Caraïbes – ainsi que sur le professeur Pedro Dallari. C’est précisément sur le drame haïtien et la crise cubaine qu’il traite dans sa chronique cette semaine. « Ces derniers jours, des événements d’une région généralement peu rapportée, les Caraïbes, ont été mis en lumière. Le 7, il y a eu l’assassinat du président d’Haïti, pour des raisons encore obscures. C’est le premier assassinat d’un chef d’État dans les Amériques depuis que le président américain John Kennedy a été tué au début des années 1960. Déjà le 11 de ce mois, des milliers de manifestants sont descendus dans les rues des villes de Cuba, pour protester contre le gouvernement de ce pays », contextualise le chroniqueur. « Ce sont des situations très différentes dans ces deux pays, mais elles ont des causes communes, liées aux difficultés économiques, à l’instabilité de la vie sociale et au manque de démocratie politique.

Le pays qui vit en situation permanente où ces éléments se mélangent est Haïti, qui a encore vu la situation s’aggraver par le séisme de 2010, qui a fait des milliers de morts en Haïtiens. Cuba, d’autre part, malgré les récents mouvements vers une plus grande libéralisation politique, reste sous un système de parti unique, avec le commandement de fer du Parti communiste. Les deux pays ont été lourdement touchés par la pandémie de covid-19, plus Haïti que Cuba, mais aussi par la récession économique internationale causée précisément par la pandémie », ajoute Dallari.

Selon le chroniqueur, les deux pays souffrent également d’un contexte international très défavorable. « Cuba est victime de l’embargo économique promu par les États-Unis depuis des décennies pour des raisons idéologiques et qui empêche effectivement l’économie cubaine de s’intégrer dans les chaînes de valeur mondialisées. En Haïti, l’absence de coopération internationale est efficace, notamment de la part de la France, qui a toujours eu un rôle prédateur vis-à-vis de son ancienne colonie », explique le professeur. « Dans le cas d’Haïti, l’ONU a été critiquée, ainsi que le Brésil – qui a agi en tant que représentant de l’ONU dans ce pays de 2004 à 2017 – car il y aurait un manque d’action internationale plus efficace.

Mais, en pratique, ces actions pour la reconstruction du pays ne sont possibles que lorsqu’il y a l’aide des grandes puissances, dans le cas principalement des Etats-Unis et de la France, ce qui n’arrive pas », évalue Dallari. « À d’autres moments, comme pendant l’administration Lula, le Brésil a exercé une influence très positive pour que ces deux pays commencent à surmonter leur situation chronique de difficultés et évoluent vers une pleine intégration au sein de la communauté des pays des Amériques. Mais la politique étrangère actuelle du gouvernement actuel rend cette aide impossible dans la pratique, ce qui est regrettable compte tenu du rôle que le Brésil a déjà joué et aurait pu jouer positivement dans la région. La situation vécue par Haïti et Cuba est très préoccupante et doit être suivie avec une grande attention », conclut le chroniqueur.


Mondialisation et citoyenneté
La colonne Mondialisation et citoyenneté, avec le professeur Pedro Dallari, est diffusé tous les mercredis à 8 heures du matin, sur Rádio USP (São Paulo 93,7 FM; Ribeirão Preto 107,9 FM) et également sur Youtube, avec la production de Jornal da USP et TV USP.

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