La science et la technologie reposent sur leur interprétation

L’interprétation est une activité humaine aussi ancienne que la traduction ; On peut affirmer qu’il existe depuis que la race humaine a eu l’usage du mot, puisque les intermédiaires entre les peuples de cultures et de langues différentes ont toujours été nécessaires pour faciliter la communication à tous les niveaux.

Avec le développement des échanges internationaux sous tous leurs aspects, l’interprétation est devenue à notre époque un métier qui doit être exercé par des spécialistes pour assurer une transmission fiable de l’information entre l’orateur et l’auditoire.

Je souligne que l’interprétation n’est pas unique pour différentes langues, mais pour des cultures qui maintiennent la même langue.

Pour le profane, l’interprétation apparaît comme une succession d’opérations mécaniques d’encodage et de décodage ; Selon cette conception de l’interprétation, l’interprète se bornerait à substituer les signes linguistiques de la langue d’origine à ceux de la langue terminale. Grosse erreur.

Un bon exemple de contresens a été commis par Facebook en 2018 à l’occasion du tremblement de terre qui a touché l’Indonésie. Dans cette tristement célèbre affaire, beaucoup ont été choqués par le fait que Facebook avait ajouté des ballons et des confettis à certains des messages partagés autour de la catastrophe. L’origine du malentendu était l’utilisation du mot indonésien « selamat », qui signifie « survivre », « être en sécurité » ou (malheureusement) « félicitations ». Ce n’était pas une personne qui faisait le rendu, mais l’algorithme de Facebook qui interprétait mal le contexte des commentaires, ajoutant ainsi des animations festives de ballons et de confettis.

En réalité, l’interprétation n’est pas la traduction syntaxique des mots ; Pour interpréter autant que pour traduire, il faut extraire le sens du discours de l’orateur, apprécier le contexte et le reformuler pour qu’il soit explicite pour le récepteur du discours.

Dans le cadre du vaste domaine de la communication, où la science et la technologie coexistent, la plupart du temps, le message relève de la responsabilité de l’expéditeur, et non du destinataire. De ce fait, l’interprétation est fondamentale et dans laquelle le propriétaire du message doit être activement impliqué. Cependant, compte tenu de la responsabilité qui accompagne l’expéditeur, il est essentiel de se rappeler que « le message n’est pas ce que je dis, c’est ce que l’autre comprend ».

L’importance de cette réflexion s’incarne dans une phrase du Norvégien Trygve Halvdan Lie (1896-1968), secrétaire général de l’Organisation des Nations unies, de 1946 à 1952, lorsqu’il souligne qu’« actuellement, le sort du monde dépend, en premier lieu, des hommes d’État et, en second lieu, des interprètes».

La science et la technologie reposent sur leur interprétation.

*L’auteur est président de l’Observatoire national des sciences, des technologies et de l’innovation

@betancourt_phd