La Colombie est respectée

Le 29 mai de cette année, les 17 ambassadeurs de l’Union européenne en Colombie, ont envoyé un trille dans lequel ils ont déclaré qu’ils soutenaient les dialogues et la négociation comme « la seule voie vers une solution durable à la crise » en opposition claire à la légitime recours à la force pour lever les barrages et arrêter le vandalisme. C’était l’actualité en première page et l’ouverture du journal télévisé et des réseaux sociaux.

Ceux qui sont en faveur de la grève nationale mal nommée -parce qu’elle est imposée et non volontaire, plusieurs opposants au gouvernement sont heureux et pareil, car quoi de mieux pour leurs fins qu’un veto sur l’usage de la force par certains pays de l’Union européenne Syndicat ; les champions des droits de l’homme, du dialogue et de la négociation, avec une histoire vierge de violence, d’abus et d’extermination, enseignant à la Colombie quoi faire.

Les ambassadeurs oublient que par respect, il n’est pas d’usage de s’exprimer sur les affaires intérieures du pays dans lequel se déroule la mission diplomatique et que leurs pays sont particulièrement jaloux de ce principe. Et ils oublient que les manifestations avec violence et vandalisme, et l’usage légitime de la force pour rétablir l’ordre, ne sont pas exclusifs à la Colombie. Je vous rappelle, à titre d’exemple, quelques cas récents, sûrement oubliés.

La France a une longue histoire de manifestations et d’affrontements avec la police. Emanuel Macron a eu sa première protestation massive dès son entrée en fonction ; Depuis, on en compte neuf, la plus répandue, celle des Gilets jaunes en 2018, avec des images dantesques. Et le plus récent, contre le nouveau Statut de Sécurité, qui restreint les libertés et renforce la police, avec un bilan de 62 policiers blessés et plus de 100 civils arrêtés.

En Allemagne, en mai, il y a eu 20 manifestations contre le gouvernement d’Angela Merkel. Ils n’étaient pas pacifiques ; au milieu des barricades et des incendies, 93 policiers ont été blessés et 354 manifestants ont été arrêtés. « La violence contre les policiers et la rage destructrice et aveugle n’ont rien à voir avec la contestation politique », a déclaré le ministre de l’Intérieur berlinois, pour apaiser les esprits. Personne n’a parlé, bien sûr, de « criminalisation de la protestation ».

A Bruxelles, capitale de la Belgique, siège de l’Union européenne, deux mille jeunes sont venus manifester en avril contre le confinement. La police les a dispersés sans hésitation avec de l’eau sous pression, des gaz lacrymogènes et des bobines propres. Le solde, deux citoyens blessés et une femme renversée par un policier à cheval. Et en Suède et en Norvège, il y a un an, la police a affronté avec force 300 personnes qui protestaient contre l’incendie public du Coran.

Et quatre nuits de violence ont vécu l’Espagne en avril, après avoir emprisonné un rappeur qui glorifiait le terrorisme et insultait la royauté. « La démocratie protège la liberté d’expression mais pas la violence », a déclaré Pedro Sánchez, chef du gouvernement. Bilan : 80 personnes interpellées. Qu’a fait le gouvernement ? Dialogue? Accord? Il fit comme les Français, les Allemands, les Belges, les Suédois et les Norvégiens : garantir l’ordre, user de la force.

N’oubliez pas qu’aucun des ambassadeurs colombiens dans ces pays n’a mis un trille, disant à ces gouvernements quoi faire, et encore moins, censurant l’usage de la force. Ils ne l’ont pas fait par respect et parce que ce n’est pas leur rôle de commenter les affaires internes. Ici, ils disent ce qu’ils veulent, comme si nous étions une de leurs anciennes colonies martyres. Ambassadeurs : la Colombie se respecte. Et si vous avez une opinion, soyez au moins cohérent avec ce qui se passe dans vos pays, et avec la façon dont vos gouvernements garantissent et rétablissent l’ordre.
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