La proposition de l’UE d’interdire les produits liés à la déforestation pourrait affecter les exportations

São Paulo – La Commission européenne a proposé hier (17) d’interdire l’importation de produits agroalimentaires liés à la déforestation et à la dégradation des forêts. Le projet de loi a été présenté au Parlement comme un moyen de repenser la consommation de viande, de soja, d’huile de palme, de bois, de cacao et de café, ainsi que de sous-produits tels que les meubles et le cuir. Tous proviennent souvent de pratiques illégales de production, telles que le brûlage et l’abattage des forêts.

La mesure devrait affecter le Brésil. Selon une enquête du Secrétariat du renseignement et des relations stratégiques (Sire), le pays se classe au quatrième rang des plus gros exportateurs de céréales. Il possède également le plus grand cheptel bovin au monde et est le principal exportateur de cette viande. Mais sa production a augmenté, avançant dans les domaines environnementaux, comme le montre une étude de l’Amazon Institute of Man and Environment (Imazon). Selon l’organisation, le biome a perdu, entre 2020 et 2021, un total de 51% de forêt par rapport à la même période de 2019 à 2020.

Le secrétaire exécutif de l’Observatoire du climat, Márcio Astrini, estime que, si elle est approuvée, l’initiative de l’UE pourrait signaler que la dégradation des forêts a atteint sa fin. Il souligne également que ce mouvement pour repenser la consommation de produits issus de la déforestation est en train de se produire dans d’autres pays.

« Aux États-Unis, nous avons également une législation en cours pour empêcher l’achat dans le pays de produits issus de la déforestation. Lors de la conférence sur le climat, qui a eu lieu en Écosse, il y a eu un communiqué conjoint entre les États-Unis et la Chine. Et la Chine, pour la première fois, a également parlé de créer une législation pour empêcher les produits liés à la déforestation d’entrer dans son pays », commente le secrétaire exécutif.

Avantages et inconvénients

Le porte-parole de la campagne Greenpeace Brésil Amazone, Rômulo Batista, estime cependant que si l’attitude de l’UE est valable, elle ne met pas fin au problème de la déforestation. Il met en garde contre des zones aux caractéristiques du Pantanal, par exemple, qui ne sont pas décrites dans le texte présenté au Parlement européen et continueront d’être ciblées par l’agrobusiness.

« La loi proposée vise uniquement à protéger les zones forestières, laissant d’autres écosystèmes vulnérables, comme les savanes, ce qui est le cas du Cerrado brésilien, et les zones humides comme le Pantanal, dont nous avons vu brûler près de 30 % de la superficie l’année dernière et qui a n’est pas dans cette loi. Cela permettrait à des industries comme le soja, qui est un vecteur majeur de déforestation dans le Cerrado et qui affecte déjà le Pantanal, de continuer à vendre des produits de ces zones déboisées », observe-t-il.

Par ailleurs, Astrini souligne que ce qui sera valable seront les données sur la réduction ou non de la déforestation dans les forêts. « La solution du Brésil à cette situation ne se produira que grâce à des résultats efficaces dans la réduction du taux de déforestation. Et c’est là que réside notre problème, car nous avons aujourd’hui un gouvernement qui alimente la déforestation, qui œuvre en faveur de la criminalité environnementale », précise-t-il.

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